L’Afrique du Sud se prépare à l’austérité pour éviter la dégradation de la note de sa dette

Le ministre des Finances sud-africain Pravin Gordhan a présenté mercredi un budget teinté d’austérité, dans lequel il prévoit des augmentations d’impôts et une réduction des dépenses publiques. L’objectif : éviter une dégradation de la note de la dette du pays.

Le ministre des Finance sud-africain, pravin Gordhan, le 24 février au Cap © Roger Bosch / AFP

Le ministre des Finance sud-africain, pravin Gordhan, le 24 février au Cap © Roger Bosch / AFP

Publié le 25 février 2016 Lecture : 3 minutes.

« Nous ne pouvons pas dépenser l’argent que nous n’avons pas. Nous ne pouvons emprunter au-delà de notre capacité de remboursement. Jusqu’à ce qu’on puisse raviver la croissance et générer plus de recettes nous devons être durs avec nous-mêmes », a lancé le ministre des Finances Pravin Gordhan devant le Parlement réuni au Cap, le 24 février.

Avec une croissance en-dessous de 1% pour 2016, un quart de la population au chômage et une forte dépréciation de sa monnaie ces douze derniers mois, l’économie la plus industrialisée du continent vit une période délicate.

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Exercice délicat pour le nouveau ministre des Finances

Dans son discours, Pravin Gordhan a tenté de contenter à la fois les marchés financiers et le gouvernement qui doit affronter des élections municipales dans quelques mois.

Regagner la confiance des agences de notation ne sera pas facile pour Pravin Gordhan, qui a accédé à la tête du ministère des Finances en décembre dernier, après deux changements de ministres en quatre jours. Au mois de décembre, les deux agences Standard & Poor’s et Fitch ont sanctionné la faible croissance de l’économie sud-africaine, plombée par  le ralentissement de la demande chinoise, la chute des cours des matières premières et la grave sécheresse qui frappe le pays.

Sans prononcer le mot « privatisation », il a plaidé pour une meilleure coopération avec le secteur privé afin de dynamiser la croissance et a ouvert la voie à des investissements privés dans les entreprises publiques en difficulté comme la compagnie aérienne South African Airways (SAA). Le gouvernement va ainsi étudier une fusion entre SAA et sa filiale SA Express « avec la possibilité de faire participer un actionnaire minoritaire », a-t-il dit.

Le ministre devra toutefois convaincre l’aile gauche du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, qui s’est toujours opposée aux privatisations. Les députés devront se prononcer sur ce budget lors de la prochaine session du Parlement, où l’ANC est majoritaire.

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Hausse des taxes

Selon Pravin Gordhan, le budget aura comme objectif prioritaire de stabiliser la dette à « 46,2% du PIB en 2017/2018 », et se traduit donc par des hausses de taxes et des coupes budgétaires.

Le ministre des Finances a ainsi annoncé une augmentation des taxes sur certains produits comme l’essence ou le tabac qui devraient rapporter 18 milliards de rands (1,07 milliard d’euros).

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« Si l’impôt sur le revenu ne sera pas augmenté, une mesure concernant les impôts sur la richesse est examinée », a averti Pravin Gordhan.

Le plafond des dépenses publiques sera également abaissé de 25 milliards de rands (1,48 milliard d’euros) sur les trois prochaines années, essentiellement en réduisant des postes au sein de la fonction publique. Pravin Gordhan a néanmoins assuré que ces coupes budgétaires n’affecteraient pas les services publics.

Elles devront par ailleurs compenser une hausse de 16 milliards de rands (950 millions d’euros) pour l’éducation supérieure afin de trouver une « solution aux demandes des étudiants concernant les frais de scolarité et le logement ».

Accueil mitigé de ces nouvelles mesures

Dans la foulée de son discours, la monnaie sud-africaine a perdu quelque 2,25% de sa valeur face au dollar comme à l’euro.

« Ce budget ne va pas suffire pour éviter une dégradation de notre note dans un avenir proche mais il nous a peut-être fait gagner un peu de temps », a estimé Mohamed Nalla, chef stratégiste pour Nedbank.

Adrian Saville, économiste pour Citadel, a quand à lui salué « un vrai effort sur le contrôle des dépenses publiques », notant que « plusieurs mesures peuvent laisser penser à un budget d’austérité mais il n’est pas totalement conservateur ».

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