Maroc : rénové, le CIH élargit ses perspectives
Après avoir assaini ses comptes, le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) du Maroc veut accélérer sa transformation en banque universelle.
À l’image de son patron, le CIH reste modeste. Fort de son partenariat avec le français BPCE, deuxième actionnaire de référence avec la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), il entend simplement déployer quelques bureaux en France afin d’établir des liens directs avec la clientèle marocaine. En réduisant au minimum le coût et les risques, la stratégie paraît gagnante, d’autant que la banque s’appuie sur des offres de transfert d’argent gratuit, d’aide à l’acquisition de biens immobiliers et, bientôt, de garantie de caution pour les étudiants marocains.
Au Maroc, le CIH est une banque à part. Alors que les trois leaders affichent des perspectives insolentes, il a passé toutes ces dernières années à s’acquitter d’un lourd passif. « Dans les années 1990, plus de la moitié de nos créances étaient douteuses, explique Ahmed Rahhou. Sur les trois derniers exercices, nous avons consacré 400 millions de dirhams [35 millions d’euros, NDLR] à apurer les comptes. » Tous les dossiers sont aujourd’hui réglés ou provisionnés. « Cela a été notre premier axe de travail. Les deux autres ont été le développement et l’universalisation de la banque », explique le patron.
La banque, qui devrait atteindre les 200 agences d’ici à la fin de l’année, compte en ouvrir encore 20 à 30 par an. Objectif : 4 % de part de marché tant en matière d’agences que de dépôts, contre moins de 3 % aujourd’hui. L’offre a été élargie pour être en ligne avec la concurrence. Et, afin de devenir une banque universelle à part entière, le CIH s’est développé dans de nouveaux métiers. Il est monté au capital de Maroc Leasing (crédit-bail) et de Sofac (crédit à la consommation), et a profité de son appartenance à l’ensemble CDG pour travailler avec la banque d’investissement CDG Capital et l’assureur Atlanta.
Revenus en berne
Question finances, les efforts ont commencé à porter leurs fruits. Après une année 2010 sous le sceau de l’assainissement, les bénéfices nets ont été multipliés par 6,8 au premier semestre 2011. Mais les revenus, eux, sont en berne. « L’orientation vers les métiers de la banque universelle est ambitieuse, mais semble semée d’embûches », relèvent les équipes d’Attijari Intermédiation, qui doutent de l’efficacité des prises de participation minoritaire, d’un positionnement tardif dans la bancassurance et de l’absence d’un modèle de filialisation créateur de synergies. L’autre courtier leader à la Bourse de Casablanca est plus positif : BMCE Capital prévoit une progression du produit net bancaire de 8 % en 2012 et une hausse du résultat net part du groupe de 15,3 %.
« Nous avons des perspectives florissantes, se réjouit Ahmed Rahhou. Et nous sommes dans une logique de distribution de dividendes, avec pour objectif de verser les deux tiers de nos résultats. » Cette sortie progressive des difficultés satisfera-t-elle les actionnaires ? CDG et BPCE se seraient déjà engagés à souscrire à l’augmentation de capital de 962 millions de dirhams (85 millions d’euros) qui débutera le 14 novembre. Et les petits épargnants ? Jusqu’à aujourd’hui, c’est peu de dire qu’ils ont marqué leur méfiance vis-à-vis de la banque : en quatre ans, le cours a perdu plus de la moitié de sa valeur. Il se traîne depuis le début de l’année autour des 300 dirhams. Avant de rebondir ?
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