Tunisie : chômeurs diplômés et employeurs inversent les rôles le temps d’un forum
La Tunisie compte près d’un tiers de chômeurs diplômés. C’est pour enrayer ce fléau que le Salon de l’emploi inversé innove : au Palais des Congrès de Tunis jeudi on ne circulait pas entre les stands des entreprises mais entre ceux des demandeurs d’emploi. Reportage.
Jeunes tunisiens dans une agence BNEC (Bureaux de l’Emploi et du Travail Indépendant), à Tunis. © Ons Abid pour JA
Hédy Ayadi, gérant de la société en isolation thermique Isolmax, s’est assis afin d’éplucher au mieux le catalogue référençant les curriculum vitae des 76 chômeurs qualifiés. « C’est une initiative très utile », apprécie le chef d’entreprise. Habituellement, je passe mes annonces d’emplois par le journal. Sur une vingtaine de coups de fil que je reçois, cela ne débouche que sur l’envoi de cinq CV et au final, un ou deux entretiens. »
Au salon de l’emploi inversé en Tunisie, organisé jeudi 25 février à Tunis, ce ne sont plus les représentants des entreprises qui attendent derrière leur stand la foule des demandeurs d’emploi, mais le contraire.
Les 76 jeunes diplômés sont postés derrière un pupitre qui indique leur nom et leur cursus universitaire. On y aperçoit aussi un diagramme en étoile représentant une évaluation de leurs caractéristiques professionnelles, pour donner une idée à leurs potentiels futurs employeurs. Zied Ferjaoui, un des candidats à l’embauche mis en valeur par le forum, affiche, par exemple, une résistance au stress et une capacité à travailler en équipe supérieures à la moyenne.
Des qualités que ce détenteur d’une licence appliquée en gestion espère mettre à profit pour trouver un emploi comme commercial à l’international : « Je suis diplômé depuis 2014. J’ai travaillé dans la parfumerie, sinon j’ai enchaîné les stages. L’objectif, c’est de trouver un vrai travail. »
Optimiser l’efficacité des bourses de l’emploi
Dans une bourse tunisienne au travaille, les organisateurs de ce forum estiment que le taux d’emplois transformés est extrêmement bas, autour de 2% de postes affectés. Une proportion que le Corp (Centre d’orientation et de reconversion professionnelle), organisateur de l’événement, veut relever. Objectif de cette première journée du genre : transformer en salariés la moitié des candidats qui, le temps du forum, font passer des entretiens aux entreprises.
« Si la moitié de nos candidats trouvent un travail, ce sera une réussite », explique Amen Boubaker, chargée de projets à Corp. En amont du forum, Corp a reçu environ 800 dossiers. « Nous avons mis l’accent sur le savoir-être des jeunes plus que sur leur savoir-faire, détaille Youssef Fennira, directeur de Corp. Nous ne voulons pas enfermer des candidatures dans des boîtes. Le maître mot c’est l’employabilité. »
Pour Martin Henkelmann, directeur général de la chambre de commerce tuniso-allemande – dont le Corp est une branche – l’initiative est inédite : « Je n’ai jamais vu ça en Europe ou ailleurs ». Bilan des courses dans quelques semaines : à ce moment-là, le décompte des emplois effectivement créés dans la foulée du forum sera fait. Fonction des résultats, le forum sera reconduit ou non.
