Oscars et Césars 2016 : pleins feux sur le cinéma arabe

L’Algérie, le Maroc, la Jordanie et la Palestine représentent cette année le monde arabe lors des prestigieuses cérémonies des Césars et des Oscars. Une fierté d’abord pour les artistes concernés, puis un vent d’espoir ; celui de briller un peu plus fort.

Cérémonie des Oscars © Flickr/Prayitno

Cérémonie des Oscars © Flickr/Prayitno

Publié le 26 février 2016 Lecture : 3 minutes.

Plusieurs réalisateurs d’origine maghrébine ont vu leur travail récompensé lors de festivals européens ces derniers mois, à l’image des Tunisiens Leïla Bouzid (À peine j’ouvre les yeux) et Mohamed Ben Attia (Hedi), du Franco-Marocain Nabil Ayouch (Much Loved ) ou encore de l’Algérien Hassen Ferhani (Dans ma tête un rond-point ).

Une reconnaissance beaucoup plus rare outre-Atlantique, d’où l’excitation autour de la nomination cette année de deux films arabes pour la cérémonie des Oscars, très contestée pour son manque de diversité.

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La Jordanie et la Palestine à l’affiche

L’absence de candidats issus de minorités a en effet fait débat aux États-Unis, avec des célébrités comme Spike Lee et Will Smith annonçant un boycott de la cérémonie ainsi que la naissance du hashtag #OscarsSoWhite (Oscars trop blancs) sur les réseaux sociaux. Une polémique qui ne doit néanmoins pas faire de l’ombre à Theeb et Ave Maria, tous deux en lice pour remporter une statuette.

Theeb (« loup » en arabe), c’est le film des grandes premières. Premier long-métrage de Naji Abu Nowar, et premier film jordanien nominé aux Oscars dans la catégorie « Films étrangers », il a déjà remporté le Lion d’Or du meilleur réalisateur au Festival de Venise et un prix au British Academy Film Awards (BAFTA) de Londres.

Considéré par le critique de film Joseph Fahim comme « l’anti Lawrence d’Arabie », Theeb ne traite ni d’immigration, ni de révolution, ni de terrorisme et ni de l’émancipation des femmes. Le réalisateur a opté plutôt pour un film d’aventure en arabe se déroulant en 1916 (pendant la Première guerre mondiale) dans le désert jordanien, avec pour personnage principal un jeune bédouin.

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Quant à Ave Maria, du réalisateur palestinien Basil Khalil, il raconte le quotidien d’une petite communauté de religieuses vivant dans le désert de la Cisjordanie et ayant fait vœu de silence. Jusqu’à ce que leur tranquillité soit chamboulée par l’arrivée d’une famille de colons israéliens dont la voiture a percuté le mur du couvent car pressée de rentrer à temps pour Shabbat…

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Nominé dans la catégorie « Court-métrage de fiction », cette œuvre de 14 minutes tintée d’humour est aussi une première pour Basil Khalil, qui considère sa nomination comme une victoire en soi.

https://twitter.com/basilk/status/688519676553482240

« Il y a 12 mois, mon film Ave Maria était rejeté par les festivals, maintenant il est nominé pour un Oscar ».

Les lauréats des Oscars 2016 seront annoncés à Los Angeles le dimanche 28 février 2016.

 « Les Arabes s’incrustent à Hollywood »

En attendant, tous les espoirs sont permis et certains n’hésitent pas à faire preuve de créativité pour exprimer leur soutien. C’est le cas par exemple du graphiste libanais Michel Achkar, en collaboration avec le service de vidéos à la demande au Moyen-Orient Cinemoz.

Pour la troisième année consécutive, il a décidé de revisiter en arabe les affiches des grosses productions hollywoodiennes nominées aux Oscars. Le résultat, intitulé « Arabs crash Hollywood » (Les arabes s’incrustent à Hollywood), peut prêter à sourire, mais c’est surtout l’occasion de « promouvoir le cinéma arabe et soutenir les deux films arabes nominés cette année », a expliqué un responsable de Cinemoz à Jeune Afrique.

Le Revenant © Michel Achkar/Cinemoz

Le Revenant © Michel Achkar/Cinemoz

Mad Max © Michel Achkar/Cinemoz (« Max le fou : le chemin de colère »)

Mad Max © Michel Achkar/Cinemoz (« Max le fou : le chemin de colère »)

Vice versa © Michel Achkar/Cinemoz

Vice versa © Michel Achkar/Cinemoz

Deux actrices maghrébines nominées aux César

Du côté de la France, un autre grand rendez-vous du 7ème art est attendu ce vendredi 26 février : celui de la cérémonie des Césars. Parmi les invités, la discrète Soria Zeroual. Cette Franco-Algérienne, encore inconnue dans le monde du cinéma mais dont tout le monde parle déjà, est arrivée en France en 2002, et comme dans le film Fatima de Philippe Faucon, elle est femme de ménage dans la vraie vie. Le « fabuleux destin de Soria Zeroual », peut-on lire dans les médias.

N’étant jamais allée au cinéma avant la première de Fatima à Cannes, elle est aujourd’hui en lice pour le prix de la meilleure actrice, aux côtés de Catherine Frot, Isabelle Huppert, Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot et Cécile de France.

Également nominée dans cette catégorie, l’actrice marocaine Loubna Abidar pour son rôle de prostituée dans Much Loved. Ce film de Nabil Ayouch a suscité une vive polémique à sa sortie et a été interdit au Maroc en mai dernier pour « outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine ».

Menacée de mort, Loubna Abidar a quitté son pays pour la France après avoir été victime d’une agression. Première actrice marocaine nommée aux César dans la catégorie « Meilleure actrice », elle se dit « très fière d’en être arrivée là ».

Il ne reste plus qu’à attendre le levé de rideaux…

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