Yaoundé retarde la cession de la SCB à Attijariwafa Bank

La Société camerounaise de banque (SCB) aurait dû passer entre les mains du marocain Attijariwafa fin 2008. Mais les autorités bloquent la conclusion de l’opération.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 3 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Obligation légale

« Le ministère des Finances n’a pas du tout apprécié de ne pas avoir été mis au courant plus tôt de la transaction entre Crédit agricole et Attijariwafa Bank, explique un proche du dossier. Depuis, il le fait payer au groupe français. » Pourtant, les deux banques n’avaient guère le choix : toutes deux cotées en Bourse (à Paris et à Casablanca), elles avaient l’obligation légale de communiquer sur leur accord de cession au même moment pour tout le monde, et ce notamment afin d’éviter toute fuite préalable et tout risque de délit d’initié. Malgré cela, la pilule n’est pas passée du côté de Yaoundé, qui détient 35 % de SCB.

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Aussitôt l’opération annoncée, l’État a mis la pression en posant une première exigence : monter au capital. Les parties se sont donc mises d’accord pour lui céder 14 % supplémentaires, ce qui laisserait à Attijariwafa Bank le contrôle de SCB, avec 51 % du capital. Restait à s’accorder sur le prix. Pour les 65 % du capital initialement prévus, le groupe marocain comptait payer une cinquantaine de millions d’euros. L’État devrait donc en verser une dizaine pour les 14 %. Trop cher, rétorque le ministère des Finances, qui estime que la valorisation retenue par Crédit agricole et Attijariwafa Bank ne concerne qu’eux. Depuis, la procédure est grippée et le gouvernement ne cesse de repousser la conclusion de l’opération.

Toujours plus gourmand

De son côté, Attijariwafa Bank fait le dos rond mais reste dans les starting-blocks : depuis l’audit de SCB, au premier semestre 2010, un Marocain est présent dans les couloirs de la banque. La Commission bancaire a rendu un avis favorable un peu plus tard. Et, sans doute pour plaire aux autorités, le groupe chérifien a même poussé, en coulisses, sa future filiale à souscrire une part très importante de l’emprunt d’État camerounais lancé fin 2010.

Jusqu’à quand Attijariwafa Bank attendra-t-il ? Yaoundé n’aurait pas l’intention de relâcher la pression si vite. Selon nos informations, l’État souhaiterait même désormais le contrôle du capital, avec l’idée d’en introduire une partie en Bourse. Une solution pourtant difficilement imaginable : Attijariwafa Bank a toujours exclu ne pas détenir plus de 50 % de ses filiales bancaires à l’étranger.

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