Avocats d’affaires : Casablanca à l’heure anglaise

Pressés par leurs clients internationaux et marocains, les cabinets britanniques d’avocats d’affaires prennent leurs quartiers dans le royaume. Une concurrence qui signe la fin de la domination française.

Julien_Clemencot

Publié le 4 août 2011 Lecture : 3 minutes.

« Dans ces conditions, on peut se poser de réelles questions sur l’avenir de Gide à Casa, d’autant que d’autres collaborateurs vont sans doute encore partir », estime un concurrent. Du côté de l’intéressé, on tente toutefois de relativiser : « Le marché va s’élargir et tout le monde y trouvera sa place », se rassure Julien David, promu numéro un du cabinet français à Casa. Chez son compatriote Jeantet, Laurent Sablé, installé au Maroc depuis 2009, prend aussi la nouvelle avec philosophie : « Désormais, je peux me positionner comme une vraie alternative à Gide. »

Norton Rose aussi devrait profiter de l’affaiblissement du leader. Si son bureau ne sera officiellement inauguré qu’en septembre, son associé, Alain Malek, possède l’avantage d’être implanté de longue date au Maroc (2001). D’où de solides références, comme l’accompagnement du groupe Label’Vie dans son partenariat avec Carrefour, ou d’Attijariwafa Bank lors de l’achat des filiales subsahariennes de Crédit agricole. Une reconnaissance locale dont ne jouit pas encore Clifford Chance, en dépit du carnet d’adresses de son associé, Mustapha Mourahib, et de quelques deals traités depuis Paris.

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Plateforme

Mais pourquoi le royaume suscite-t-il autant d’engouement de la part des cabinets anglais, dont les exigences de rentabilité sont supérieures à celles de leurs confrères français ? L’explication serait avant tout à chercher du côté des milieux d’affaires internationaux, à la fois séduits par le réservoir de croissance africain et rassurés par la stabilité politique et économique du pays. « Tous les jours, je reçois des appels d’investisseurs intéressés par le Maroc », assure Mustapha Mourahib. Des demandes qui émanent d’Europe, du Moyen-Orient et « de plus en plus de la Chine, de la Corée du Sud ou du Japon », note François Duquette, d’A&O.

Pour Clifford et A&O, l’objectif est aussi de faire du Maroc une plateforme capable de rayonner sur les pays arabophones et francophones de la région. « Chaque pays a ses particularités et ses réseaux, relativise Alain Malek. Une présence au Maroc n’est pas forcément le meilleur atout pour décrocher un contrat en Tunisie ou en Algérie. » En revanche, note l’avocat, beaucoup d’institutions et d’entreprises marocaines souhaitent être accompagnées dans leur expansion en Afrique. « C’est d’ailleurs sur ces dossiers que la bataille risque d’être la plus forte », estime-t-il.

« Ecosystème »

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Car outre les sollicitations des clients internationaux, la présence des ténors du conseil juridique au Maroc doit aussi se lire à l’aune des attentes des patrons locaux, sans omettre l’importance de la professionnalisation du monde des affaires. « Si les avocats peuvent jouer leur rôle, c’est parce que depuis une dizaine d’années un “écosystème” s’est créé : tous leurs interlocuteurs, dans l’administration, les banques et les entreprises, ont acquis l’expérience nécessaire à la gestion aux standards européens de dossiers complexes comme une fusion-acquisition », juge Alain Malek.

Pour Mustapha Mourahib, les grands réseaux mondiaux arrivent néanmoins à point nommé : « Nous allons encore assister à une sophistication des pratiques, par exemple dans les opérations de refinancement. Ce sont des dossiers sur lesquels nous avons une vraie plus-value, car nos associés à travers le monde sont autant d’experts que nous pouvons solliciter en permanence. » Toutefois, Alain Malek minimise l’importance accordée aux marques par les clients : « S’ils sont aujourd’hui plus sensibles au prestige des grandes signatures internationales, la dimension relationnelle reste, à service et niveau de prix égaux, le critère numéro un pour le choix de leurs avocats. » Même dominé par les cabinets britanniques, Casablanca ne ressemble pas encore à Londres.

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