Courtisé mais réfractaire à l’ouverture de son tour de table à un financier, Ubipharm (et ses 1200 pharmaciens actionnaires) a finalement décidé de faire une place à Phœnix Capital Partners (PCP), filiale de Phœnix Capital Management (PCM, créé par Michel Abrogoua) et société de gestion du West Africa Emerging Market Growth Fund (WAEMGF). Ce dernier a participé à deux augmentations de capital d’Ubipharm Développement (UD), filiale créée début 2015 par Ubipharm. Il détient 49% des parts d’UD,  le groupe conservant 51%.

Les augmentations de capital ont permis de porter à 4,1 millions d’euros (2,7 milliards de FCFA) le capital d’UD, une société basée comme sa maison-mère au Grand-Quevilly, tout près de Rouen (France). « Ce n’est pas tant le montant initial qui compte mais la relation et le partenariat noué entre Ubipharm et nous », explique Michel Abrogoua à Jeune Afrique. « Nous réinvestirons en fonction des besoins ». Pour Gérard Mangoua, directeur général (et co-fondateur du groupe Ubipharm), « cela va permettre à Ubipharm S.A., dans le cadre de son expansion, d’accroître ses capacités d’intervention dans les nouveaux marchés et d’y étendre ses réseaux d’affaires ».

Né en Côte d’Ivoire

Ubipharm est né au début des années 1990 suite à la décision de plusieurs pharmaciens, détenant chacun des parts de Laborex Côte d’Ivoire, de se regrouper. Cette décision avait permis à Ubipharm de devenir majoritaire dans la société ivoirienne, reléguant le groupe CFAO au rang de minoritaire. Depuis, Ubipharm a rayonné dans 11 pays d’Afrique subsaharienne francophone  et 3 territoires français d’Outre-Mer. Devenant de facto un concurrent régional très sérieux pour le géant français de la distribution spécialisée (et leader panafricain de la distribution de médicaments avec Eurapharma). Le groupe a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 572 millions d’euros contre 344 millions en 2009.

Nigeria, Ghana…

UD portera les nouveaux développements géographiques dont l’objectif est de faire d’Ubipharm un acteur panafricain. Les activités à Madagascar viennent de commencer, en attendant très prochainement la Guinée puis un troisième pays, dont le nom n’est pas encore connu. « Ensuite, viendra la diversification vers les pays anglophones, le Nigeria, le Ghana, l’Afrique de l’Est », explique Michel Abrogoua.

« A chaque fois, Ubipharm apporte sa connaissance de la la logistique et prend une part minoritaire, laissant à des pharmaciens locaux le contrôle du capital, explique le financier. Le groupe envisage son expansion future sur ce même modèle. C’est un groupe méthodique et c’est ce qui fait sa force : il ne veut pas grandir pour grandir. »