Le Conseil de l’Europe dénonce la banalisation du racisme en France

Dans un rapport publié mardi, des experts du Conseil de l’Europe s’alarment de « l’accroissement des violences racistes, antisémites et islamophobes », mais aussi « l’homophobie et les discriminations anti-Roms » en France.

Marine Le Pen devant le tribunal de Lyon pour incitation à la haine raciale, le 20 octobre 2015. © Laurent Cipriani/AP/SIPA

Marine Le Pen devant le tribunal de Lyon pour incitation à la haine raciale, le 20 octobre 2015. © Laurent Cipriani/AP/SIPA

Publié le 1 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Les actes de racisme ordinaire se multiplient et se banalisent en France. Une réalité qui inquiète des experts du Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (Ecri). Dans un rapport publié le 1er mars, ils dénoncent en effet « l’accroissement des violences racistes, antisémites et islamophobes », mais aussi « l’homophobie et les discriminations anti-Roms » dans l’Hexagone.

En deux ans par exemple, entre 2002 et 2014, les violences racistes recensées par le ministère français de l’Intérieur ont augmenté de 14 %, voire de 36 % pour les seules violences antisémites, relèvent ces experts qui pointent surtout les responsabilités d’hommes politiques français.

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Des politiques et des propos racistes

L’Ecri cite entre autres le cas du député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, qui avait affirmé en 2013, lors d’une altercation sur un terrain agricole occupé illégalement par des gens du voyage, que « Hitler n’en avait peut-être pas tué assez ».

Les experts européens évoquent aussi une persistante « préoccupante » des discours islamophobes, alimentés par « certains responsables politiques », comme Marine Le Pen (Front national) comparant les prières de rue à l’occupation allemande (décembre 2010), ou Jean-François Copé (droite) évoquant des « voyous » musulmans qui auraient arraché un pain au chocolat à un jeune au motif « qu’on ne mange pas pendant le ramadan » (octobre 2012).

L’Ecri déplore également des décisions prises « au nom d’une conception restrictive de la laïcité » et pouvant être « perçues comme sources de discrimination », comme celle en 2015 du maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, de supprimer les menus sans porc des cantines scolaires.

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Nécessité de légiférer 

Les experts européens demandent aussi aux autorités de « clarifier » la réglementation concernant l’accompagnement de sorties scolaires par des mères d’élèves portant le voile. En décembre 2013, le Conseil d’État avait jugé son interdiction illégale. Mais la circulaire qui précisait cette interdiction n’a pas été abrogée, si bien que « des incidents de même nature se reproduisent régulièrement », selon l’Ecri.

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Un appel est alors lancé aux autorités française pour qu’elles légifèrent pour que le racisme ou l’homophobie constitue « une circonstance aggravante de toute infraction pénale ordinaire ». Une réforme promise à plusieurs reprises l’an dernier par le président François Hollande.

Inflation du discours favorisant la haine sur Internet

Quant aux Roms, les autorités françaises doivent leur accorder une domiciliation administrative, même s’ils n’ont pas de résidence stable, et ce afin de ne pas entraver leur accès « aux droits de base », et notamment à la scolarisation de leurs enfants, soulignent les experts.

Ils déplorent également une inflation de discours de haine sur internet et les réseaux sociaux, « malgré les efforts des autorités pour endiguer ce phénomène », mais aussi lors des manifestations contre l’instauration du mariage homosexuel, début 2013. À cette occasion le « discours de haine homo-transphobe s’est cristallisé en France », juge l’Ecri.

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