Retard au démarrage pour Gabon Oil Company
Promesse électorale de 2009, la société nationale pétrolière n’est pas encore opérationnelle.
Une société nationale gabonaise chargée de contrôler la participation de l’État dans l’industrie pétrolière mais aussi de gérer l’exploration, l’exploitation et la distribution des hydrocarbures. L’annonce de la création de Gabon Oil Company (GOC), faite en mars 2010, a été l’une des décisions phares du début de mandat d’Ali Bongo Ondimba. Mais près de deux ans plus tard, « on ne voit rien de concret venir », indique un ancien cadre de Shell basé à Libreville : « La compagnie n’est pas encore visible sur le terrain et n’a apparemment pas encore de bureaux. »
Sur son site internet, GOC n’apporte guère plus d’informations. « Gabon Oil Company va avoir ses premiers bureaux à Libreville. Ces bureaux temporaires vont recevoir les premiers employés de la société dans les semaines à venir. À noter que Gabon Oil Company comptera une douzaine d’employés au premier trimestre 2012 et une quarantaine de personnes fin 2012 », indique, sans d’autres précisions, un bref communiqué datant du 12 décembre 2011. En somme, la société devrait réellement démarrer ses activités cette année.
Prendre ses marques
Mais déjà les autorités du Gabon s’efforcent de la mettre en avant. Ainsi lors de l’officialisation, à la mi-décembre, de deux contrats d’exploration et de partage des revenus sur des zones offshore au large d’Omboué (Ouest) entre Libreville et le franco-britannique Perenco. D’après le communiqué publié à cette occasion, l’État gabonais est propriétaire, à travers GOC, de 20 % de chaque permis concerné, avec la possibilité d’obtenir 15 % supplémentaires aux conditions du marché. Une trentaine de millions d’euros d’investissement en moyenne sont prévus pour chaque champ.
Reste qu’« il apparaît clairement que la nouvelle société a du mal à prendre ses marques », poursuit l’ancien cadre de Shell. De fait, il s’est déjà écoulé un an entre l’annonce de la création de GOC et sa naissance effective. Celle-ci est intervenue le 30 mars 2011 lors d’un Conseil des ministres tenu à Port-Gentil, qui a décidé de la création de la Société nationale des hydrocarbures du Gabon sous le nom commercial de Gabon Oil Company.
Parmi les obstacles au lancement effectif de la compagnie, le manque de personnel qualifié.
Parmi les obstacles au démarrage effectif des activités de GOC, la question des ressources humaines revient souvent. « Si l’idée de la création d’une compagnie nationale pour prendre une part plus active dans l’industrie pétrolière est une bonne chose [le Gabon était jusqu’alors le seul pays producteur d’Afrique subsaharienne n’en possédant pas, NDLR], reste à trouver les hommes capables de mener à bien ce projet », indique un Gabonais qui travaille pour la filiale locale d’un groupe pétrolier étranger. Un autre ingénieur de la direction des hydrocarbures, qui a demandé l’anonymat, confirme : « La plupart des Gabonais qualifiés dans le domaine sont à l’étranger. Le défi consiste à les convaincre de revenir travailler au pays. »
Réticences
Mais il n’y a pas que l’aspect ressources humaines. Telle qu’elle est présentée, la compagnie a vocation à reprendre les prérogatives de la direction générale des hydrocarbures, ce qui peut susciter des inquiétudes, voire des réticences, au sein de cette dernière institution qui dépend du ministère des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures. « On peut transférer à GOC l’équipe de la direction des hydrocarbures. Ainsi, le ministère jouera le rôle de régulateur du secteur », propose Charles Tchen, du cabinet Independent Petroleum Consultants (IPC). Autre approche possible : définir clairement les champs d’action de chacune de ces structures, pour éviter des rivalités entre elles.
Par ailleurs, pour permettre à la jeune compagnie de démarrer sereinement ses activités, les autorités du pays devraient déminer le terrain des sociétés de trading, qui perdront une partie de leurs recettes avec l’arrivée de GOC. Jusque-là, ce sont ces sociétés – et notamment Petrolin Group, dirigé par Samuel Dossou-Aworet, ancien conseiller d’Omar Bongo Ondimba – qui assuraient la commercialisation des parts de la production pétrolière revenant au Gabon, en contrepartie d’une commission. Les montants en jeu sont énormes. En 2011, par exemple, le secteur pétrolier gabonais a généré des recettes d’exportation de quelque 8,8 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros). Autant dire que la tâche est loin d’être aisée.
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