Infographies : quelles sont les nations les plus tolérantes en Afrique ?
L’organisme Afrobaromètre, qui coordonne une série de sondages dans 33 pays africains, s’est attardé sur la question de la tolérance sur le continent, tentant de mesurer le vivre-ensemble. Leurs conclusions ? En dépit des conflits ethniques et religieux qui gangrènent certains pays, l’enquête montre un visage de tolérance du continent.
Publié le 2 mars 2016 Lecture : 3 minutes.
« Casser les clichés »
« Alors que l’Afrique est souvent décrite comme le continent des divisions ethniques et religieuses et de l’intolérance, les résultats démontrent un niveau élevé d’acceptation des autres groupes ethniques et des autres religions », souligne ainsi l’étude d’Afrobaromètre. Une enquête basée sur les réponses de quelque 50 000 personnes interrogées entre 2014 et 2015 dans 33 États du continent.
« Dans la presse, de nombreux leaders d’opinion relaient certains clichés sur l’intolérance des Africains. Nous avons voulu casser ces poncifs », explique Richard Houessou, responsable du réseau Afrobaromètre pour les pays francophones. Pour mener à bien son enquête, l’organisme a demandé aux sondés s’ils aimeraient avoir pour voisin des personnes d’une autre ethnie, d’une autre confession, des travailleurs étrangers, des personnes atteintes du VIH ou encore des homosexuels. « Nous avons choisi la figure du voisin car dans nos sociétés, c’est quelqu’un avec qui nous avons une réelle proximité », précise Richard Houessou.
Tolérance envers les autres religions et ethnies
Premier constat : l’étude relativise l’importance des rivalités interethniques, avance l’organisme. Plus de 90% des personnes interrogées affirment en effet qu’elles « fortement » ou « quelque peu » ou que cela ne serait « pas important » s’ils vivaient à côté de personnes d’autres religions. Une tolérance très forte au Gabon ou au Sénégal, où les réponses positives dépassent les 99%.
Même tendance pour les religions. En moyenne, 84% du panel sondé par l’équipe d’Afrobaromètre déclare souhaiter ou ne pas être opposé au fait de vivre à côté de personnes d’une autre confession.
Passez votre souris sur chacun des pays pour connaître le % de personnes tolérantes à l’idée de vivre à côté de personnes d’une autre confession.
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Comme pour la question des ethnies, la Tunisie et le Maroc clôturent le classement. « Leur mauvaise position s’explique par l’absence de diversité religieuse dans ces deux pays », explique Richard Houessou, qui identifie plusieurs paramètres à un terreau fertile à la tolérance : l’éducation, le fait de vivre en ville, dans une société ouverte à la diversité, et d’avoir accès à l’information.
Persistance de l’homophobie, à de rares exceptions près
L’enquête met cependant en lumière un gros point noir : l’homophobie persistante, qui ressort particulièrement. « Seulement 21% des citoyens dans les 33 pays affirment qu’ils aimeraient % de répondants qui affirment qu’ils aimeraient « fortement » ou « quelque peu » ou que cela ne serait « pas important » s’ils vivaient à côté d’homosexuels », souligne ainsi les enquêteurs d’Afrobaromètre. Une proportion encore plus faible au Burkina Faso, au Niger, en Guinée, ou encore au Sénégal, qui arrive en dernière position du classement, avec seulement 3% de réponse positives.
Passez votre souris sur chacun des pays pour connaître le % de personnes qui accepteraient d’avoir un(e) voisin(e) homosexuel(le) :
Des conclusions qui ne doivent toutefois pas occulter certaines exceptions. Quatre des pays africains étudiés se montrent en effet plus tolérants vis-à-vis de l’homosexualité. C’est le cas du Cap-vert, de l’Afrique du Sud, du Mozambique et de la Namibie, où plus de 50% des sondés ont répondu favorablement à la question.
Sur cette question, Afrobaromètre souligne par ailleurs que les plus jeunes et les plus instruits font preuve de plus tolérance envers les homosexuels. Un constat qui permet donc à l’organisme de conclure qu’« il est possible que l’Afrique devienne progressivement moins homophobe avec le temps ».
Dans le détail, voici le classement final d’Afrobaromètre, qui a compilé dans « cet index de la tolérance » allant jusqu’ à 5 les pourcentages obtenus lors des cinq questions posées. Plus un pays obtient un score élevé, plus il est considéré comme tolérant.