Sénégal : l’État au chevet de la société nationale des conserveries

Faible production, pertes financières, plaintes des salariés… le nouvel actionnaire majoritaire sud-coréen ne fait pas l’unanimité. L’État s’en mêle et demande une évaluation en urgence des résultats de la société.

La Scasa produit pour l’heure 20 tonnes de conserves de thon, contre un objectif  de 200 tonnes. © Nabil ZORKOT pour les Éditions du Jaguar

La Scasa produit pour l’heure 20 tonnes de conserves de thon, contre un objectif de 200 tonnes. © Nabil ZORKOT pour les Éditions du Jaguar

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Publié le 2 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Moins de quatre ans après sa reprise par le groupe sud-coréen Dongwon, la Société des conserveries d’Afrique (Scasa), née des cendres de la Société nationale des conserveries du Sénégal (Sncds), traverse des moments difficiles. Au point que le président Macky Sall a, au cours du Conseil des ministres du 1er mars, demandé au Premier ministre « de veiller au suivi de la situation de l’entreprise, fruit d’un partenariat entre l’État du Sénégal et le groupe coréen Dongwon, et lui a indiqué l’urgence de procéder à l’évaluation globale de ses résultats ».

Loin des objectifs affichés lors de la reprise

En début d’année, le collège des délégués du personnel de l’entreprise a dressé une situation sombre de cette industrie spécialisée dans la production de conserves de thon : problèmes de management, mauvaise gestion de la direction… D’ailleurs selon les délégués du personnel, l’exercice 2015 s’est soldé par une perte cumulée d’environ 4 milliards de FCFA sur 3 ans. Par le passé, le chiffre d’affaires annuel des conserveries avait pu atteindre 9 milliards de F CFA sous la Sncds, avec 30 000 tonnes annuelles transformées (soit 80 tonnes par jour). Le niveau actuel de chiffre d’affaires la Scasa n’est pas connu.

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La production journalière moyenne depuis 2013 est de 20 tonnes (contre un objectif de 200 tonnes). Et si la création de 3 000 emplois était prévue, trois ans plus tard la masse salariale compte 400 permanents intérimaires et journaliers – contre 1 500 personnes aux beaux jours de la Sncds.

Des investissements supplémentaires

Le directeur général de l’entreprise Jong-Koo Lee a expliqué au cours d’une conférence de presse tenue fin février 2016 à Dakar que ces difficultés ont plusieurs causes.

La vétusté de l’outil de production, d’abord, qui est renvoyée à l’héritage de la Sncds. Mais aussi les problèmes d’approvisionnement en thon auxquels le nouvel actionnaire majoritaire asiatique tente de répondre par la création de la Compagnie Africaine de Pêche au Sénégal (Capsen) dotée de navires battant pavillon sénégalais et censée améliorer la chaîne de fourniture en thon.

Côté vente et gestion interne, se posent les difficultés d’accéder à certains marchés comme celui de l’Union européenne ou l’insuffisance des ressources humaines, s’est également défendu le patron sud-coréen.

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Afin de sortir du creux de la vague, la direction a annoncé de nouveaux investissements de l’ordre de 5 milliards de F CFA – en sus de 16 milliards déjà injectés depuis la reprise fin 2011.

Ainsi, l’usine du port de Dakar est en train de se doter d’une nouvelle unité de production de thon en sachets.

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