Tchad : à Paris, Saleh Kebzabo prédit « la fin du cycle Déby »

Principal opposant au président Idriss Déby Itno et candidat à la présidentielle du 10 avril, Saleh Kebzabo s’est exprimé mercredi devant la presse à l’occasion d’un séjour en France. Extraits.

Saleh Kebzabo, à Paris, le 11 juin 2014. © Vincent Fournier/J.A.

Saleh Kebzabo, à Paris, le 11 juin 2014. © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 2 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

De passage en Europe, c’est un Saleh Kebzabo offensif qui s’est présenté mercredi 2 mars à Paris  devant une vingtaine de journalistes. Le chef de fil de l’opposition et candidat de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) à la présidentielle du 10 avril est revenu sur les événements qui ont secoués le Tchad pendant une dizaine de jours mi-février.

Le climat social

« C’est une situation quasiment explosive. Le climat politique n’avait pas été aussi tendu depuis presque 24 ans », a-t-il déclaré. »Les manifestation se sont étendues à tout le pays », a poursuivi Kebzabo prenant l’exemple de la situation à Faya Largeau où une manifestation d’étudiants a été durement réprimée.

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« La journée ville morte [organisée dans plusieurs villes du pays le 24 février, ndlr], à laquelle les partis politiques ont été associés, a été un réussite totale, estime-t-il. Le pouvoir a compris le message. »

Le bilan de Déby

Idriss Déby Itno « n’a plus rien à proposer aux Tchadiens qui, même dans sa propre région, sont à bout de souffle », avance Kebzabo. Lui qui fut allié du président tchadien le temps d’un quinquennat dresse un bilan assez sévère de celui qui est à la tête du pays depuis 25 ans. « Déby a échoué économiquement et politiquement », a-t-il déclaré mettant en avant la mauvaise gestion, les détournements et les pillages quotidiens. « On arrive à la fin du cycle Déby », estime-t-il. Le semblant de paix sociale est en train de rompre. Tout le monde est arrivé à bout. »

Interrogé sur l’importance des dépenses militaires, Kebzabo reconnaît que « le Tchad occupe une position particulière dans le contexte actuel, mais qu’il ne peut pas être le gendarme de l’Afrique centrale ». « Il n’en a simplement pas les moyens », dit-il.

La présidentielle du 10 avril

C’est donc dans ce « contexte particulier » que se tiendra le scrutin présidentiel. Une élection que Kebzabo, confiant, attend avec impatience, mais que l’opposition aborde en ordre dispersé. « C’est un choix que nous avons fait et assumons. Il aurait été imprudent de ne présenter qu’une seule personne face à Déby », a expliqué le candidat de l’UNDR.

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Mettant en garde contre toute tentative de fraude électorale, Kebzabo assure que l’opposition « n’acceptera pas n’importe quel résultat » et se montre alarmiste quant aux risques de « crise postélectorale ».

La réponse du régime

Joint par Jeune Afrique, le porte-parole du Mouvement patriotique du Salut (MPS, au pouvoir), Jean-Bernard Padaré, réagit : « Saleh Kebzabo est en fin de cycle. Il ne fait que tromper le peuple tchadien et les militants de son parti. Il fait de l’agitation parce qu’il sait qu’il est minoritaire. Quel est son programme ? »

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Évoquant la journée ville morte, Padaré affirme que son succès est à remettre dans le contexte. « D’abord, Saleh Kebzabo n’en est aucunement à l’origine. Ensuite, si les commerçants ont fermé boutique, c’est surtout parce qu’ils avaient peur qu’elles soient attaquées, comme ce fut le cas lors de la manifestation de Massaguet, le 22 février. »

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