À Tunis, les ministres arabes de l’Intérieur classent le Hezbollah comme groupe terroriste

Les pays arabes accentuent leurs pressions sur le Hezbollah, et par ricochet, le Liban paie les frais de la lutte régionale entre l’Arabie saoudite et l’Iran.

De gauche à droite, le roi Salman, le prince héritier Muqrin et le ministre de l’Intérieur Mohamed Bin Nayef. © Hasan Jamali/AP/SIPA

De gauche à droite, le roi Salman, le prince héritier Muqrin et le ministre de l’Intérieur Mohamed Bin Nayef. © Hasan Jamali/AP/SIPA

Publié le 3 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Réuni à Tunis le 2 mars, le Conseil des ministres arabes de l’Intérieur a confirmé la décision prise en janvier par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) de classer le parti du Hezbollah libanais comme organisation terroriste. Cette résolution adoptée par tous les pays présents, sauf le Liban, est justifiée selon l’Arabie Saoudite, Bahreïn, le Qatar, les Émirats arabes unis, Oman et le Koweït par « la poursuite des actions des milices du Hezbollah, qui recrutent les jeunes du Golfe pour perpétrer des actes terroristes ».

L’opinion publique arabe, notamment en Tunisie, est en émoi. « C’est un scandale qui revient à un alignement avec Israël, ennemi de la nation arabe », assène Mohamed Hamdi, secrétaire général de la Coalition démocratique.

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Une position qui sanctionne directement le Liban

Pourtant, depuis 2013, la branche armée du Hezbollah est référencée comme terroriste par l’Union européenne (UE) sans que nul n’ait trouvé à redire. Le contexte a changé entre temps. Comme tous les signataires, le ministre de l’Intérieur tunisien, Hédi Majdoub, justifie la position tunisienne, qui n’a émis aucune réserve sur la question, par « une lutte globale contre le terrorisme ». Aucun des pays signataires n’a évoqué la proximité du Hezbollah avec l’Iran, ni son soutien au régime de Bachar Al-Assad auquel les pays du Golfe, particulièrement l’Arabie saoudite, sont hostiles.

Sur fond de crise syrienne, la position initiée par les Al Saouds sanctionne directement le Liban. Lequel a été privé par Riyad, pas plus tard que le 19 février, de quatre milliards de dollars d’aide militaire. L’Arabie saoudite estimant que « le gouvernement libanais, otage du Hezbollah, a dérogé à l’unanimité arabe ». Une déclaration qui laisse perplexe l’opinion libanaise d’autant que le président du Conseil libanais, Tammam Salam, et le parti Courant du futur (CDF) qui détient le ministère de l’Intérieur, sont des sunnites, proches de l’Arabie saoudite.

Otage d’un conflit régional

Pour certains, le déficit des finances publiques saoudiennes contraint, ce pays à réduire la voilure de ses aides. D’autres expliquent l’attitude de Riyad à l’égard du Liban par l’échec des négociations menées pour libérer le prince Abdel Mohsen Ben Walid Ben Abdelaziz Al Saoud et quatre autres Saoudiens incarcérés à Beyrouth depuis octobre 2015 pour trafic de drogue.

Dans tous les cas, le Hezbollah est dans le collimateur des Saoudiens. Hassan Nasrallah, secrétaire du parti, les accuse de vouloir «semer, en accord avec Israël, la discorde entre sunnites et chiites » et leur demande expressément de ne « pas s’en prendre au Liban tout entier s’il a un compte à régler avec le Hezbollah ».

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Cette cabale anti-Hezbollah, qui pourrait déstabiliser le Liban, inquiète Washington qui tente de faire pression pour que l’Arabie saoudite tienne ses engagements en matière d’aide militaire envers ce pays.

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