RD Congo : ajournement du procès des six militants de Lucha
Le procès en appel des six militants de Lucha, condamnés à deux ans de prison en première instance pour « incitation à la révolte », devait s’ouvrir jeudi à Goma. Mais après le refus de la défense de comparaître, le procès a été reporté au lendemain. Vendredi, l’audience a également été suspendue.
« Une parodie de justice »
C’est la troisième suspension d’audience dans ce procès qui fait salle comble à la Cour d’Appel de Goma. Hier, les avocats des six militants de Lucha ont refusé de se présenter, arguant une « violation flagrante du principe d’un procès équitable ». Le coordonnateur du collectif des avocats de la défense, Maître Georges Kapiamba, s’en est expliqué à l’AFP : il a affirmé que ses clients ont été notifiés de l’ouverture du procès en appel moins de 24 heures avant l’ouverture de la première audience, alors que la loi prévoit un délai de huit jours entre les deux actions pour permettre aux accusés de préparer leur défense. Avant d’ajouter :
Nous sommes en train de préparer d’autres actions pour faire arrêter cette parodie de justice
Jeudi les prévenus, qui risquent une peine de dix ans de prison, ont donc comparu sans avocat. Selon un communiqué publié par Lucha, ils ont demandé un report de trois semaines afin de préparer leur défense. Mais la cour n’a finalement reporté l’audience qu’à ce vendredi matin, avec des avocats commis d’office.
Suspensions en série
Vendredi matin, l’audience a de nouveau été suspendue plusieurs fois, suite aux demandes de récusation des juges déposées par les avocats de la défense. Ils accusent les magistrats de partialité.
Les avocats demandent aux 3 juges qui siègent de se retirer car récusés. L'audience est de nouveau suspendue. Pour la 3eme fois. #FreeLucha
— LUCHA 🇨🇩 (@luchaRDC) March 4, 2016
Condamnés pour « incitation à la révolte »
Âgés de 23 à 28 ans, les jeunes militants ont été condamnés à deux ans de prison le 24 février dernier par Tribunal de grande instance de Goma pour « incitation à la révolte ». Cela faisait suite à leur participation à une grève générale décrétée par l’opposition le 16 février, date qui marque l’anniversaire de la répression meurtrière de la marche des chrétiens qui réclamaient la démocratie en 1992.
Deux autres militants de Lucha ont comparu jeudi devant leurs juges au dernier jour des plaidoiries. Ils avaient été arrêtés le 28 novembre avec sept autres personnes, alors qu’ils manifestaient contre les tueries des civils dans la région de Beni où près de 500 personnes sont mortes depuis octobre 2014, selon l’ONU. L’affaire est mise en délibéré, selon leur avocat.
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