Fitch et Moody’s dégradent la note du Congo-Brazzaville

Dans leurs rapports, les deux agences de notation mettent en exergue la détérioration des comptes publics, conséquence du recul du prix du pétrole.

Vue d’un site pétrolier de l’italien ENI, actif en République du Congo. © www.eni.com

Vue d’un site pétrolier de l’italien ENI, actif en République du Congo. © www.eni.com

Publié le 7 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Les agences de notation Moody’s et Fitch ont abaissé le 04 mars la note souveraine de la République du Congo. Moody’s a abaissé la note de long terme du pays de « B+ » à  « B », tandis que Fitch l’a réduite de « Ba3 » à « B1 ». Si dans les deux cas, la baisse n’est que d’un cran, la décision de Fitch fait basculer la notation du pays dans la catégorie des obligations dites « highly speculative« . Fitch était jusqu’à présent la dernière agence de notation internationale à maintenir la note de Brazzaville dans la catégorie supérieure dite « Non-investment grade speculative« , jugée moins risquée. Les deux agences ont placé la note du pays sous surveillance négative.

Dans leur rapport, Moody’s et Fitch expliquent leur décision par la détérioration des indicateurs macroéconomiques du pays dans la foulée de la chute du prix du pétrole, qui représente 69 % des recettes publiques et plus de 80 % des exportations du pays. Alors que le baril de brut s’échange autour de 30 dollars, contre 50 dollars en moyenne en 2015 et environ 100 dollars mi-2014. Moody’s table sur un baril à 33 dollars en 2016 et 38 dollars en 2017, quand Fitch table sur 35 dollars et 45 dollars respectivement.

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Dettes publiques et équilibres budgétaires dégradés

« Les finances publiques de la République du Congo sont particulièrement sensibles à cette baisse des prix du pétrole en raison de deux facteurs interdépendants : d’abord, parce qu’il représente une part particulièrement importante des revenus publics (69% en 2014); et, deuxièmement, en raison de la prévalence des clauses de ‘superprofits’ dans les contrats utilisés dans le secteur pétrolier du pays, ce qui fait que les recettes [publiques] tirées du pétrole sont particulièrement sensibles aux variations des prix », souligne Moody’s.

Ce dernier estime que, en proportion du PIB, la dette publique du pays (nette des dépôts en devises)  s’est dégradée de 13 points de pourcentage en 2014 et de 27 points en 2015. L’agence basée à New York anticipe une nouvelle dégradation de 20 points en 2016. La dette du pays devrait atteindre 48 % du PIB en 2017, selon cette agence.

Les deux agences anticipent également la détérioration de l’équilibre budgétaire du pays. Le déficit sera de 13,4 % en 2016 estime Fitch qui se montre particulièrement réservé quant à la volonté du gouvernement de résorber ses comptes. Et de pointer, par exemple, que le budget 2016 prévoit une hausse de 15 % des salaires et des dépenses en capital par rapport à 2015.

Pour Fitch, les perspectives économiques du pays « demeurent positives »

Si tout comme Moody’s, Fitch a placé la note du Congo-Brazzaville sous surveillance négative, l’agence estime qu’à moyen terme, les perspectives économiques du pays « demeurent positives ». L’agence basée à Londres et à New York, note par exemple que « l’activité non pétrolière (encore dominée par l’investissement public) a maintenu la croissance du PIB réel dans le vert autour de 2 % en 2015, malgré la baisse de production de pétrole ».

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Fitch remarque également que d’importants champs pétrolifères « seront mis en service en 2016-2017, ce qui pourrait augmenter la production de pétrole de manière significative, et aucun de ces projets n’a été annulé jusqu’à présent ».

Enfin, souligne le rapport de Fitch, « le pays dispose d’un potentiel minier important inexploité et l’accent mis par le gouvernement sur la diversification économique pourrait contribuer à soutenir la croissance non pétrolière à moyen terme ».

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