Algérie : la statue difforme d’un militant nationaliste déboulonnée
Un hommage qui prend finalement des allures de scandale. À peine 4 jours après son inauguration et face à l’indignation des habitants, une statue censée représenter le militant assassiné Larbi Ben M’hidi a été déboulonnée dans la nuit de dimanche.
![Indignation face à une statue censée représenter Larbi Ben M’Hidi. © Facebook/MFLH Photography](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/03/07/statue-4.png)
Indignation face à une statue censée représenter Larbi Ben M’Hidi. © Facebook/MFLH Photography
Le 3 mars 2016 marqua le 59ème anniversaire du décès de Larbi Ben M’hidi, chef du FLN pour la région d’Alger en 1957. L’occasion pour les autorités de sa ville natale, Aïn Mlila, de lui rendre hommage via l’installation d’une statue en bronze. Mais le résultat n’eut pas l’effet escompté, bien au contraire… À tel point qu’elle fut aussitôt déboulonnée !
Le buste de la discorde
Pourtant née d’une bonne intention, cette œuvre a rapidement été enterrée par les habitants de la ville, choqués et contrariés par le manque de ressemblance avec leur héros de la révolution algérienne.
« Moche », « défigurée », « lamentable », « hideuse », « honteuse », « humiliation », ou encore « insupportable » furent quelques-uns des termes utilisés par les internautes algériens pour décrire ce tout nouveau buste en bronze.
Cette "statue" représente Larbi Ben M'hidi à Ain M'lila. C'est une honte absolue !!!! #Algérie #Shame pic.twitter.com/2tqmcIwoc2
— عدلان مدي Adlène Meddi (@AdleneMeddi) March 5, 2016
Je crois que je refuse de croire cette histoire de statue de Ben Mhidi. Parce que si c'est vrai, c'est juste trop terrible. #Algérie
— Leïla Beratto (@LeilaBeratto) March 6, 2016
Des habitants sont même allés jusqu’à recouvrir la statue d’un drapeau algérien, avant qu’elle soit tout bonnement retirée pendant la nuit du dimanche à lundi à l’aide d’une grue, vraisemblablement par les autorités locales, et en présence de quelques personnes venues fêter l’« événement ».
La mise en place de ce buste « a fait un grand scandale, régional et national », a déploré Bahri Mouflih, un habitant de Aïn Mlila contacté par Jeune Afrique, qui a photographié le retrait du buste la nuit dernière.
![La statue en hommage à Larbi Ben M'Hidi déboulonnée pendant la nuit. © Facebook/MFLH Photography](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1188,height=781,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/03/07/statut-1.png)
La statue en hommage à Larbi Ben M'Hidi déboulonnée pendant la nuit. © Facebook/MFLH Photography
![Des habitants de Aïn Mlila après le retrait de la statue © Facebook/MFLH Photography](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1111,height=741,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/03/07/statut2.png)
Des habitants de Aïn Mlila après le retrait de la statue © Facebook/MFLH Photography
Larbi Ben M’Hidi, le « Jean Moulin algérien »
Considéré comme un héros national pour son rôle dans la lutte pour la libération de l’Algérie, Larbi Ben M’Hidi est enterré dans le « carré des martyrs » du cimetière d’El Alia à Alger. Plusieurs rues et établissements scolaires portent aujourd’hui son nom un peu partout dans le pays, comme l’université d’Oum El Bouaghi ou la rue Larbi Ben M’Hidi à Alger.
Sa mort pendant la Bataille d’Alger a fait l’objet de nombreuses controverses, jusqu’à ce que le général Aussaresses démente la version officielle de l’armée française (selon laquelle il s’était suicidé) et avoue l’avoir lui-même exécuté par pendaison le 4 mars 1957. Larbi Ben M’Hidi fut donc assassiné à l’âge de 34 ans.
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