Le Maroc en colère contre Ban Ki-moon après ses propos sur la question du Sahara
En visite au Sahara, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s’est attiré les foudres du gouvernement marocain, qui lui reproche de s’être départi de sa neutralité et d’avoir tenu des propos outrageux envers le Maroc.
Dans un communiqué publié dans la soirée du 8 mars, le gouvernement marocain est revenu avec « une grande stupéfaction [sur] les dérapages verbaux, les faits accomplis et les gestes de complaisance injustifiés de M. Ban Ki-Moon (…) durant sa récente visite dans la région ». La réaction de l’ONU ne s’est pas faite attendre, à travers un communiqué publié quelques heures plus tard.
Lors de sa visite dans les camps de Tindouf puis en Algérie du 5 au 7 mars, le secrétaire général des Nations unies a déclaré vouloir faire avancer les pourparlers entre le Maroc et le Polisario sur la question du Sahara, en estimant que les membres du personnel de la Mission de l’ONU pour le Sahara (Minurso) se tenaient «prêts à organiser un référendum s’il y a accord entre les parties ».
Manque de neutralité
Il n’en fallait pas plus pour choquer Rabat. Sa déclaration, qui constitue un alignement manifeste sur l’option du référendum défendue par le Polisario et son allié algérien, a été considérée par les Marocains comme un dérapage qui risque de compromettre les négociations politiques sur ce dossier au lieu de les relancer. Ban Ki-moon prévoit d’effectuer une visite au Maroc « plus tard dans l’année », mais sa mission risque d’être compliquée étant donnée la tension provoquée par ses déclarations à Rabat.
Propos inédits pour un secrétaire général de l’ONU, contraires aux résolutions du Conseil de sécurité, outrageux… Le Royaume, très remonté, fait notamment référence à l’utilisation du terme « occupation », qui « constitue une insulte pour le gouvernement et le peuple marocains ».
Les questions qui fâchent
Pourquoi le secrétaire général de l’ONU s’est-il départi de sa neutralité ? Lors de sa visite dans les camps de Tindouf, il n’a pas abordé non plus la question des droits de l’homme, alors qu’il a été pris à partie, au plein déplacement, par une foule dénonçant la précarité de ses conditions de vie.
Le gouvernement marocain a également regretté « qu’au moment où le secrétaire général projette d’organiser une conférence des contributeurs à l’aide humanitaire aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf, il n’a à aucun moment évoqué, lors de sa visite, deux questions préjudicielles », la première étant l’impératif du recensement de ces populations, et la deuxième étant le « détournement avéré (…) de l’aide humanitaire internationale destinée aux populations de ces camps ».
Depuis 1975, plusieurs milliers de personnes ont quitté le Sahara pour échapper au conflit armé, formant aujourd’hui cinq camps de réfugiés au sud-est de l’Algérie, près de Tindouf.
En visite dans ces camps, Ban Ki-moon a déclaré vouloir attirer l’attention des différentes parties et de la communauté internationale sur la situation de ces réfugiés, qui « endurent une grande souffrance dans des conditions très difficiles ».
Ban Ki-moon lands in Tindouf. will travel to Sahrawi refugee camps to highlight forgotten humanitarian crisis. pic.twitter.com/9XsuqfAv0m
— UN Spokesperson (@UN_Spokesperson) March 5, 2016
Réaction de l’ONU
Dans un communiqué publié le 9 mars, les Nations unies ont notamment tenu à revenir sur l’utilisation du terme « occupation », suite aux reproches du ministère des Affaires étrangères marocain.
« Samedi dernier, le secrétaire général a personnellement été témoin d’une situation désespérée dans un camp de réfugiés du Sahara occidental. (…) Il a fait référence à ‘l’occupation’ pour décrire l’incapacité des réfugiés sahraouis de rentrer chez eux dans des conditions qui incluent des accords de gouvernance satisfaisants en vertus desquels tous les sahraouis peuvent exprimer librement leurs désirs », précise cette source.
Réitérant son appel à de « véritables négociations de bonne foi et sans conditions préalables », dans un « esprit plus positif », le secrétaire général a également rappelé que « le statut du Sahara occidental reste encore à déterminer, car il s’agit d’un territoire non-autonome ». Un point que tous les pays membres des Nations unies, y compris le Maroc, accepte chaque année via les résolutions annuelles de l’Assemblée, précise le communiqué.
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