Burkina Faso : Apollinaire Compaoré ne raccroche pas
Empêtré dans une bataille juridique interminable avec l’émirati Etisalat, l’homme d’affaires Apollinaire Compaoré garde pour l’instant le contrôle de Telecel Faso. Un opérateur qui monte
Entretemps, Apollinaire Compaoré a dû maintenir à flot un opérateur de télécoms sans être lui-même un spécialiste du secteur. Le businessman, que l’on dit proche de la présidence, est un touche-à-tout. Il contrôle Burkina Moto (cycles et motos), l’Union des assurances du Burkina (UAB) et plusieurs autres sociétés dans le négoce et les transports.
« Golden boy »
« Il fait partie de cette génération de patrons ouest-africains qui commencent à structurer leurs activités, à lever des fonds, à sortir de leurs frontières historiques », souligne un avocat d’affaires. À l’instar d’un Koné Dossongui ou d’un Yérim Sow – des golden boys des affaires plus que de véritables entrepreneurs -, il se veut aussi un investisseur avisé.
Après tout, Telecel Faso vaudrait aujourd’hui trois à quatre fois plus qu’en 2004, année où il y a investi. En outre, sortant des frontières du Burkina, Apollinaire Compaoré est devenu, via son holding mauricien Planor Afrique, le principal actionnaire minoritaire de MTN Côte d’Ivoire, après avoir levé une dizaine de millions de dollars auprès de financiers. Enfin, l’UAB a reçu l’année dernière le soutien du capital-investisseur panafricain Africinvest pour se développer, notamment à l’international. Objectif : transformer le groupe d’Apollinaire Compaoré en une vraie entreprise panafricaine diversifiée.
À ce titre, le litige avec Etisalat reste un véritable souci. Pourtant, malgré ces difficultés, Telecel Faso a vu sa part de marché passer de 12,5 % en 2005 à 19,5 % en 2010, selon les statistiques d’Informa Telecoms & Media. Incapable, début 2010, de payer le renouvellement de sa licence, il l’a depuis retrouvée, et avec elle un signal émetteur dont la coupure avait empêché ses clients d’utiliser leurs portables pendant plusieurs jours. Concurrencé par Maroc Télécom, propriétaire d’Onatel et de sa filiale Telmob, il a su profiter des difficultés de Zain pour augmenter l’année dernière de 46 % le nombre de ses clients, quand la filiale du groupe koweïtien voyait le sien progresser de 22 % seulement.
Orange et MTN sur les rangs
Désormais sous la pression de l’indien Bharti Airtel, repreneur en 2010 des filiales subsahariennes de Zain, Apollinaire Compaoré aimerait pouvoir adosser Telecel Faso à un opérateur international reconnu. Orange et MTN, désireux de compléter leurs implantations dans la région par une présence au Burkina, seraient sur les rangs. Et même si, comme le souligne Devine Kofiloto, gérant de la société de conseil et d’études DeccoCon, « le régulateur national a annoncé fin 2010 qu’il allait lancer un appel d’offres pour une nouvelle licence », il est plus probable que les deux géants des télécoms préféreraient racheter Telecel Faso plutôt que partir de zéro. « Mais ils ont besoin, et c’est normal, d’être certains que la propriété d’Apollinaire Compaoré sur Telecel Faso soit reconnue partout et pas seulement au Burkina », rappelle un observateur.
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