Algérie : quel prix pour Djezzy ?
La très rentable marque algérienne de téléphonie mobile du groupe Orascom est à vendre. Encore faut-il s’accorder sur le montant de la transaction, qui varie de 1,7 milliard à 6,5 milliards d’euros ! Le 2 juin à Beyrouth, Naguib Sawiris a dévoilé l’offre du sud-africain MTN. © Cynthia Karam/Reuters
Chaque partie tente de brouiller les pistes. Le 2 juin, le PDG d’Orascom lâchait que le sud-africain MTN lui proposait 7,8 milliards de dollars (6,5 milliards d’euros). Intox ? On est loin, en tout cas, des 10 milliards de dollars avancés par le patron de Djezzy dans la presse algérienne en 2008. Le gouvernement algérien est bien entendu moins généreux. Il a constitué un groupe d’experts autour du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui suit le dossier en direct et concède n’avoir à débourser qu’entre 2 milliards et 3 milliards de dollars (entre 1,7 milliard et 2,5 milliards d’euros).
Des résultats en érosion
L’économiste algérien Abderrahmane Mebtoul coupe la poire en deux. « J’estime qu’un prix juste devrait tourner autour de 4 à 5 milliards de dollars, déclare-t-il à Jeune Afrique. Ce montant comprend le coût de la licence, les investissements en équipements, mais aussi tous ceux réalisés par OTA pour lancer et consolider la marque avec les dépenses de marketing, de communication, de publicité, etc. »
Un prix de vente de 5 à 6 milliards de dollars paraît faire consensus parmi les analystes. Car si Orascom Telecom revendique un chiffre d’affaires de 1,86 milliard de dollars (- 8,5 %) pour sa filiale en 2009, une part de marché de 59,4 % et 14,6 millions d’abonnés, son auréole se ternit. Entre 2008 et 2009, le revenu par abonné a baissé de 11,80 à 9,90 dollars. En 2010, selon le cabinet d’expertise AfricaNext, Djezzy n’atteindra qu’une part de marché de 48 %. Et d’après des sources algériennes, la marque compterait seulement de 10 à 10,5 millions d’abonnés. Depuis ce 12 novembre 2009, lorsque le match de football Égypte-Algérie a dégénéré, elle aurait perdu entre 100 000 et 200 000 abonnés. Témoin de cette érosion, le chiffre d’affaires d’OTA au premier trimestre 2010 a chuté de 11 % par rapport à la même période de 2009. Reste les bénéfices, objet de toutes les convoitises : 580 millions de dollars en 2008.
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