En finir avec Trump, Le Pen and Co…
Faisons un cauchemar : et si, dans quelques mois, Donald Trump et Marine Le Pen étaient élus à la présidence de leurs pays respectifs ? Et si le populisme le plus bête et méchant l’emportait ?
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 14 mars 2016 Lecture : 3 minutes.
Inimaginable il y a quelques années, sauf en Italie avec l’inénarrable roi des parties fines entre amis, Silvio Berlusconi, ce scénario catastrophe ne peut aujourd’hui être totalement exclu. Comment en est-on arrivé là ? Le populisme a toujours existé depuis l’après-guerre, mais il n’a jamais autant eu le vent en poupe. Il prospère des deux côtés de l’Atlantique et se nourrit du désarroi des citoyens en période de crise.
La recette est toujours la même : culte de l’identité nationale et xénophobie, mise au pilori des élites dirigeantes jugées responsables du déclin de la nation, repli sur soi présenté comme la panacée qui guérira tous les maux, art de la transgression et, parfois, de la provocation (les maîtres en la matière sont MM. Donald Trump et Jean-Marie Le Pen), exacerbation de toutes les peurs imaginables, etc.
Pour ne rien arranger, la crise migratoire et la menace terroriste sont venues alimenter un peu plus le discours de ces haruspices de l’apocalypse : tout fout le camp, c’était mieux avant (entre bons Blancs), on va raser gratis (en général, l’économie n’est pas leur fort…), on va être envahis par des hordes, certains n’hésiteraient pas à dire des hardes, de barbares barbus le couteau entre les dents, etc.
La partie émergée de l’iceberg
Ne nous y trompons pas, Donald Trump, voire Ted Cruz, Jean-Marie puis Marine Le Pen ou Viktor Orbán ne sont que la partie émergée de l’iceberg. En Europe, par exemple, les partis populistes font florès, notamment en Autriche, en Suisse, au Danemark, au Pays-Bas, en Italie, en Finlande, en Pologne ou en République tchèque.
Un phénomène sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Tous obtiennent des résultats électoraux autrefois inespérés. Et, dans le sillage de ces squales politiques, prospèrent des rémoras intellectuels qui, tel un Éric Zemmour en France, s’évertuent à propager, via leurs écrits ou sur les plateaux télé, la nostalgie d’un passé mythifié et les plus sombres prévisions pour l’avenir.
Redonner confiance
Comment les affronter ? Certainement pas en s’escrimant à les exclure du débat, comme ce fut trop longtemps le cas, ou à les qualifier de fascistes ou d’extrémistes à tout bout de champ. Ce serait donner l’impression à leurs électeurs qu’ils sont idiots et ne ferait que renforcer la rhétorique préférée des leaders populistes : « Vous voyez, l’élite vous méprise, elle est indifférente à vos problèmes. »
Ce ne sont d’ailleurs pas les dirigeants de ces mouvements qu’il faut convaincre mais ceux qui, souvent par rejet des partis classiques frappés de discrédit ou par dépit, en sont arrivés à leur donner leur voix. Les électeurs sont plus raisonnables qu’on ne le pense, et la plupart d’entre eux préféreraient entendre des discours optimistes et sincères plutôt que d’être abreuvés de messages de haine ou instillant la peur face à un monde supposé devenu dangereux.
À vrai dire, la seule véritable manière pour les dirigeants démocrates de renvoyer ces héritiers du général Boulanger à leurs pénates confidentiels consiste tout simplement à faire ce pour quoi ils ont été élus : relancer la croissance économique et créer des emplois, protéger leurs concitoyens, rassembler ces derniers et non les opposer. Bref, leur redonner confiance et espoir pour jeter des ponts et tirer profit d’une mondialisation inéluctable en lieu et place de l’érection de murs et du recroquevillement que les Trump et consorts promettent à l’envi.
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