Congo – Serge Michel Odzoki (PCT) : « Sassou Nguesso a des atouts pour l’emporter dès le premier tour »

Le Parti congolais du travail (PCT) et ses alliés ne jurent que par la victoire, dès le premier tour, du président sortant, Denis Sassou Nguesso, lors du scrutin présidentiel prévu le 20 mars. Serge Michel Odzoki, porte-parole du parti au pouvoir, s’en explique.

Serge Michel Odzoki, porte-parole du Parti congolais du travail (PCT), la formation politique au pouvoir au Congo-Brazzaville. © Trésor Kibangula/J.A.

Serge Michel Odzoki, porte-parole du Parti congolais du travail (PCT), la formation politique au pouvoir au Congo-Brazzaville. © Trésor Kibangula/J.A.

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Publié le 15 mars 2016 Lecture : 4 minutes.

Pour le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir), les autres candidats à la présidentielle du 20 mars « ne font pas le poids » face à son champion, Denis Sassou Nguesso (DSN). Le président sortant se présente pour la troisième fois consécutive depuis 2002, année de la première élection depuis son retour aux affaires en 1997 par un coup de force.

Face à lui, les deux principales plateformes de l’opposition : le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC). En leur sein, les quatre candidats Claudine Munari et Pascal Tsaty Mabiala pour la première et André Okombi Salissa et Guy Brice Parfais Kolélas pour la seconde ont signé avec le candidat indépendant Jean-Marie Michel Mokoko, ancien chef d’état-major, une « charte de la victoire » pour « mutualiser leurs forces » contre DSN. En vain, à en croire Serge Michel Odzoki, porte-parole du PCT.

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Jeune Afrique : Face à huit candidats, dont cinq qui se reconnaissent dans le Frocad/IDC, Denis Sassou Nguesso peut-il remporter le scrutin présidentiel du 20 mars dès le premier tour, comme le soutiennent ses partisans ?

Serge Michel Odzoki : Notre candidat, Denis Sassou Nguesso, a les atouts qu’il faut pour l’emporter dès le premier tour. D’autant qu’une candidature à une élection présidentielle, c’est d’abord le fruit de la relation entre le candidat et le peuple. Or, la population congolaise fait confiance au président sortant.

Le Frocad/IDC considère pourtant que sa stratégie dite d’encerclement, avec des candidats pour émietter les voix dans leurs fiefs électoraux respectifs, ne peut qu’entraîner un second tour de scrutin…

Il ne suffit pas d’énoncer une stratégie pour se convaincre de sa réalité. Émietter des voix ne veut pas dire remporter un scrutin : ils risquent de se retrouver avec des 0,001 % dans certains endroits. Dans cette hypothèse, leur adversaire passera malgré tout.

La stratégie de Frocad/IDC est dangereuse pour la cohésion nationale

Aussi, faut-il le souligner, cette stratégie de l’opposition radicale, basée sur l’identité tribale ou régionaliste, est dangereuse. Elle est rétrograde pour un État qui cherche à construire une nation congolaise. Celle-ci est en soi, dans sa forme la plus achevée, la négation des ethnies mais la quête d’un vivre ensemble. C’est pourquoi, tout au long de cette campagne, nous allons démontrer que cette stratégie est non seulement inefficace mais surtout dangereuse pour la cohésion nationale.

Pourtant, le vote est d’abord ethnique au Congo…

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Les Mboshis n’attendent pas forcément un Messie mboshi ou si un Kouyou est au pouvoir, cela ne veut pas dire que ce sont tous les Kouyous qui en profiteront. Fonder une stratégie sur le vote ethnique, c’est une démarche à courte vue. Aujourd’hui, les Congolais ont besoin d’un homme qui rassure, rassemble et permette le développement du pays. Et cet homme, c’est Denis Sassou Nguesso.

La candidature de Denis Sassou Nguesso, 72 ans ne trahit-elle pas cependant l’incapacité de votre parti à se trouver un autre champion pour assurer la relève ?

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La candidature de DSN n’est pas seulement le fait du PCT, de la majorité ou du « pôle de consensus de Sibiti » [du nom de cette ville du sud du pays où des partis, associations et personnalités avaient pris part au dialogue national, NDRL]. C’est une lame de fond qui est partie de la base, de la clameur populaire qui, pendant plusieurs mois, demandait au président sortant de se représenter. Ce sont donc les Congolais qui lui demandent de continuer.

DSN est le meilleur d’entre nous

Il n’existe donc pas encore de dauphin au sein du PCT capable de poursuivre le travail…

Nous sommes en politique : ce n’est pas un domaine où l’on pourrait se dire que l’homme est fatigué et qu’il serait temps de laisser la place à d’autres. Pour nous, même si nous disposons de cadres de bonne qualité, Denis Sassou Nguesso demeure, jusqu’à preuve du contraire, le meilleur d’entre nous.

Au PCT, croyez-vous que les conditions sont réunies pour une élection crédible le 20 mars ?

Chaque jour qui passe, élection après élection, nous nous efforçons de mettre en place un processus qui susciterait moins de critiques. Même dans les vieilles démocraties occidentales, rien n’est jamais parfait. Nous demander aujourd’hui d’être au même niveau d’organisation que ces pays qui ont plus de 200 ans de passé démocratique, c’est bien là le côté pervers de la mondialisation.

Notre but est de parfaire notre processus électoral, de tout faire pour passer de l’imperfection grandiose à une perfection embryonnaire et palpable.

Que répondez-vous au candidat Jean-Marie Mokoko lorsqu’il exige le report du scrutin pour améliorer la gouvernance électorale ?

C’est son droit le plus légitime de demander le report du scrutin. Si le général Mokoko estime que les conditions d’un scrutin crédible ne sont pas réunies, c’est à lui d’en tirer les conséquences. Mais aujourd’hui rien ne justifie, à notre sens, un quelconque report de la présidentielle prévue le 20 mars.

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