Syrie : l’armée russe a entamé le retrait de son équipement
L’armée russe a entamé mardi le retrait de son équipement de Syrie. Lundi, Vladimir Poutine avait annoncé le désengagement du gros de son contingent militaire, dont les Occidentaux espèrent qu’il aura un effet positif sur les négociations de Genève.
Conformément à l’ordre donné lundi 14 mars au soir par Vladimir Poutine, le corps expéditionnaire russe a commencé à charger équipement et matériel militaire dans des gros porteurs qui vont ensuite voler vers la Russie. Ce nouveau coup de théâtre orchestré par le chef de l’État russe, intervient alors que le conflit entre dans sa sixième année.
Vladimir Poutine a pris de court opposants syriens et Occidentaux, dont les réactions rivalisaient de prudence. Le chef de l’État russe, qui a la main sur l’échiquier syrien depuis l’irruption des avions russes le 30 septembre, a annoncé sa décision après avoir appelé le président Bachar al-Assad.
« La tâche qui avait été demandée à notre ministère de la Défense et aux forces armées a été globalement accomplie et j’ordonne donc au ministère de la Défense d’entamer à partir de demain (mardi 15 mars), le retrait de la majeure partie de nos contingents », a dit à la télévision Vladimir Poutine.
Un retrait partiel
« Néanmoins, pour permettre la surveillance de la trêve dans les combats (entrée en vigueur le 27 février), la partie russe conserve sur le territoire syrien un site de maintenance de vols », selon un communiqué du Kremlin. Depuis septembre, plus de 50 avions de combat russes ont visé des milliers de « cibles terroristes » en cinq mois de raids aériens intenses.
La force de frappe russe a permis à l’armée syrienne d’engranger des victoires alors qu’elle se trouvait en mauvaise posture l’été dernier. Les Occidentaux ont toutefois accusé la Russie de privilégier, notamment pendant les premiers mois, les frappes sur les rebelles plutôt que sur l’organisation jihadiste État islamique.
La présidence russe ne précise pas si des avions de combat resteront basés en Syrie. Le sort des très stratégiques batteries antimissile S-400 déployées par la Russie, est également en débat. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré « ne pas savoir » s’ils restaient stationnés en Syrie, alors que le président de la commission Défense du Conseil de la Fédération (chambre basse du Parlement), Viktor Ozerov, estimait que ces redoutables batteries resteraient sur place.
Accueil prudent de la diplomatie internationale
Le Conseil de sécurité de l’ONU tout comme l’Iran, par la voix du ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, ont jugé « positive » l’annonce du Kremlin. À New York, l’ambassadeur russe à l’ONU Vitali Tchourkine a indiqué que la diplomatie russe avait reçu l’ordre « d’intensifier (ses) efforts pour aboutir à un règlement politique en Syrie ».
À Genève, l’opposition syrienne a accueilli l’annonce avec prudence, déclarant attendre d’en vérifier les effets sur le terrain et redouter une « ruse » du Kremlin. Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a de son côté estimé que « si les annonces d’un retrait des troupes russes se concrétisent, cela augmente la pression sur le régime du président Assad pour négocier enfin de façon sérieuse à Genève une transition politique ».
Selon la Maison Blanche lundi soir, Vladimir Poutine a également évoqué par téléphone avec son homologue américain Barack Obama « le retrait partiel » des forces russes de Syrie. Josh Earnest, le porte-parole de Barack Obama, avait auparavant souligné qu’il était « difficile » de mesurer l’impact de cette annonce sur les négociations en cours.
Le sort d’Assad toujours en question
L’annonce du retrait russe est intervenue quelques heures après le début à Genève d’un nouveau cycle de négociations entre des représentants du régime syrien et de la très hétéroclite opposition syrienne. Le sort réservé au président Bachar al-Assad fait toujours débat et menace de faire capoter le processus de paix.
L’orchestrateur de ces discussions, Staffan de Mistura, envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a déclaré lundi que « la mère de toutes les questions » était de trouver un accord sur une transition politique.
Alors que pour le négociateur en chef du régime de Damas, Bachar al-Jaafari, le sort du président syrien n’est pas à discuter, l’opposition syrienne veut la mise en place dans les six mois qui viennent d’un « organe de transition » doté de tous les pouvoirs.
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