Coopération Afrique-Japon : Djibouti accueille une réunion préparatoire de haut niveau
Avant Banjul en juin, Djibouti accueille les 14 et 15 mars, la première réunion préparatoire de la sixième conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (Ticad), qui se déroulera en août prochain à Nairobi, au Kenya.
Les responsables de près d’une cinquantaine de pays du continent ont fait le déplacement pour rencontrer la délégation du ministère des Affaires étrangères japonais, organisateur de l’événement, avec le soutien des Nations Unies, de la Banque mondiale et, pour une première fois, des représentants de la Commission de l’Union africaine.
Avec l’arrivée de la première édition de la Ticad sur le sol africain dans quelques mois, l’intérêt de l’UA confirme selon Mahamoud Ali Youssef, le ministre djiboutien des Affaires étrangères, que « les Africains s’approprient le processus » de coopération développé depuis 23 ans entre le Japon et l’Afrique. En attendant l’implication déjà annoncée de la Banque africaine de développement (BAD) dans ces négociations. Son président Akinwumi Adesina, se rend à Tokyo le 24 mars, sur l’invitation du ministère nippon des finances et de l’Industrie (Meti).
Le directeur Afrique du ministère japonais des Affaires étrangères, et grand ordonnateur de ce rendez-vous, Norio Maruyama ne dit pas autre chose lorsqu’il parle de « partenariat international sous propriété africaine ».
Une étape essentielle
La rencontre de Djibouti a justement pour but de s’assurer que les deux parties s’entendent bien sur les mêmes choses. Dans cette optique, la Ticad VI s’annonce déjà comme « une étape essentielle » pour Ahmed Araita Ali, l’ambassadeur de Djibouti au Japon, et à l’origine de la venue de la délégation nippone dans son pays pour cette réunion.
L’occasion pour les représentants japonais d’écouter les doléances de leurs partenaires africains, dans le cadre du suivi de la Ticad V et de la déclaration de Yokohama qui, en 2013, annonçait une contribution financière de Tokyo à hauteur de 32 milliards de dollars, faisant du Japon l’un des principaux bailleurs bilatéraux de l’Afrique.
Les points de friction abondent. Lorsqu’il s’agit d’industrialisation du continent ou d’intégration régionale des économies africaines, le diagnostic est le même des deux côtés. Pourtant les Africains pressent pour la « phase de concrétisation » de cette aide au développement et rappellent que seulement 20 % du montant annoncé à Yokohama a pour l’instant été décaissé.
De leur côté, les Japonais pointent du doigt la faiblesse des projets proposés sur le continent et insistent sur les nécessaires phases de transferts de technologie et de formation des ressources humaines avant de pouvoir s’engager plus loin.
Engagement du secteur privé japonais
L’un des principaux enjeux de cette prochaine Ticad porte sur l’engagement sur le terrain du secteur privé japonais, quasiment absent du continent, en dehors de quelques pays comme l’Afrique du Sud ou le Kenya.
Les Africains espèrent qu’une forte délégation d’entrepreneurs nippons fera le déplacement jusqu’au Kenya en août, « pour comprendre qu’ils ne doivent avoir aucune crainte à venir investir en Afrique », affirme Ben H.O. Ogutu, responsable du suivi de la Ticad au ministère kenyan des Affaires étrangères.
Sécurité et maintien de la paix
En plus de l’économie, les objectifs sont également diplomatiques. Le Japon attend toujours le soutien de l’Afrique pour sa candidature à un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, quand le continent espère que Tokyo se fera son porte-parole, lors du prochain sommet du G7 qu’il accueillera fin mai.
Déjà présent sur le continent, dans le cadre de la force internationale de lutte contre la piraterie dans la région, le Japon doit également devenir « encore plus visible en matière de sécurité sur le continent et de maintien de la paix », estime Mahamoud Ali Youssef. C’est justement pour gagner en visibilité, que le rendez-vous Ticad, longtemps irrégulier, sera dorénavant organisé tous les trois ans et en alternance entre le Japon et l’Afrique. Une manière d’institutionnaliser davantage encore le partenariat patiemment tissé entre Tokyo et le continent.
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