Indignation en Tunisie suite aux propos du porte-parole du gouvernement sur le retour de Ben Ali
Intervenant sur une radio tunisienne, le porte-parole du gouvernement a clairement dit qu’il souhaitait le retour du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, en évoquant le besoin pour le peuple tunisien de lui pardonner. Des propos qui font scandale
Invité lundi sur la radio privée tunisienne IFM, le porte-parole du gouvernement, Khaled Chouket, a déclaré souhaiter le retour de Zine el-Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir en 2011 et aujourd’hui en exil en Arabie saoudite. Tentant de s’expliquer à ce sujet, il a ajouté que le peuple tunisien devait pardonner pour avancer. Des propos qui ont provoqué l’indignation des auditeurs et des internautes. Retour sur une polémique qui en dit long sur les blessures mal cicatrisées de la révolution tunisienne.
Prière et appel au pardon
Au détour d’une discussion, Khaled Chouket a évoqué l’ancien président en s’exclamant : « Quand Ben Ali, qu’Allah mette fin à son accablement, s’est exilé… » Une phrase aussitôt interrompue par l’animateur radio qui, surpris, insiste pour en savoir plus.
Le porte-parole du gouvernement et membre du parti Nidaa Tounes explique alors qu’il s’agissait d’une « prière », et exprime son souhait de voir revenir Zine el-Abedine Ben Ali au pays. « C’est-à-dire que Dieu mette fin à son exil. Moi je ne veux pas qu’il reste en Arabie saoudite. (…) J’appelle à ce qu’on l’autorise à revenir sur sa terre et qu’il passe devant la justice », a-t-il déclaré.
Il continue ensuite en évoquant la « grande angoisse » que doit vivre le président en exil. « Nous avons fait vivre tous nos présidents dans l’angoisse, nous n’avons été reconnaissant envers aucun d’eux ». Et d’ajouter : « Moi je suis pour le pardon. Les Tunisiens ne peuvent aller de l’avant qu’à travers la réconciliation et le pardon. (…) Je ne respecte pas une communauté qui exile ses dirigeants et ses chefs politiques. »
La colère des internautes tunisiens
Quelques heures après la publication de cet extrait vidéo par IFM, les internautes tunisiens ont réagi en dénonçant une « honte », « un scandale » et une « insulte au peuple tunisien ». Plusieurs d’entre eux ont aussi exigé la démission immédiate du porte-parole, à l’image de l’association tunisienne Youth Decides, qui pointe sur sa page Facebook une atteinte « à la dignité du peuple tunisien » ainsi qu’aux « blessés et martyrs de la révolution ».
https://twitter.com/unluckiest_girl/status/710049441600905216
Khaled Choqua(n)t
— Mohamed Ali Souissi (@MedAliSouissi) March 16, 2016
Le journaliste Thameur Mekki a aussi réagit via son compte Facebook:
Erreurs de communication
Ce n’est pas la première fois que Khaled Chouket est pointé du doigt pour des propos déplacés. Suite à la vague de contestation sociale qui avait débuté à la mi-janvier à Kasserine (nord-ouest) avant de gagner le reste du pays, il avait annoncé dans l’urgence le recrutement de 5 000 chômeurs dans la région. Une annonce qui avait ensuite été démentie par le ministre tunisien des Finances, forcé de reconnaître une « erreur de communication ». Ce qui, pour un porte-parole de gouvernement, est assez regrettable.
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