Guinée équatoriale : BTP, tout est sous contrôle

Construire, mais pas n’importe comment : une équation complexe que les autorités tentent de résoudre en confiant le suivi à des spécialistes étrangers attirés par l’explosion des chantiers.

Publié le 9 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

En Guinée équatoriale, où d’importants chantiers d’infrastructures ont été lancés, on ne badine pas avec la qualité et les prix. Tous les grands projets (Sipopo, Oyala, infrastructures destinées à la CAN 2012, ports, aéroports, routes, centrales hydroélectriques, système d’assainissement et d’adduction d’eau, etc.), dont le maître d’ouvrage est la Oficina nacional de planificación, evaluación y seguimiento de proyectos (GE Proyectos, une agence créée en 2002 et rattachée à la présidence), sont supervisés par des bureaux de contrôle, tant au stade des études que de l’exécution des travaux.

Parce que les chantiers sont nombreux et les compétences nationales insuffisantes, GE Proyectos a fait appel à des entreprises étrangères spécialisées, « qui opèrent sur le terrain en toute indépendance », affirme l’une d’entre elles, la belgo-congolaise BK Architects. Et qui, manque d’expertise locale oblige, échappent en partie aux quotas imposés dans le recrutement (pas plus de 30 % de travailleurs étrangers, hors secteur pétrolier).

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« Transparence »

Pas question pour les sociétés de BTP de se dérober au contrôle, même si parfois certaines d’entre elles rechignent : avant de siéger, la commission chargée de statuer sur le paiement des travaux consulte les bureaux de contrôle pour s’assurer que tout est conforme. Et ces derniers sont eux-mêmes contrôlés. « Il y a une réelle démarche de transparence », précise BK Architects.

Parmi les bureaux de contrôle présents dans le pays, cinq dominent : BK Architects, les français Egis Route et Veritas, le canadien SNC Lavalin, ainsi que le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) ivoirien. Ce contrôle externe n’empêche pas les entreprises de BTP de mener des vérifications internes. Ainsi, Somagec GE, qui construit notamment des ports dans le pays, a fait appel au Laboratoire public d’essai et d’études marocain.

Préciser les offres

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Après les tâtonnements du début, l’accent est mis sur la réorganisation du secteur. Un processus qui comporte plusieurs volets. La classification des différents intervenants, d’abord : ils sont nombreux, mais de taille et de compétences inégales. Davantage de précisions sont également exigées dans la présentation des offres techniques et financières, avec un descriptif précis des pièces et des matériaux qui seront utilisés (origine, qualité et prix), tandis qu’un système de normalisation, notamment une mercuriale de prix de référence, est progressivement mis en place. Le tout conditionnant la qualité d’exécution des travaux sur le terrain, donc la solidité des ouvrages. Et par la suite, la maintenance.

Pas toujours évident d’appliquer ces directives sur le terrain. « Il y a parfois des problèmes avec les pays asiatiques, dont les normes diffèrent de celles des États occidentaux, qui sont uniformisées. Les équivalences ne sont pas toujours faciles à faire », informe Laurent Adja Adiko, responsable de l’agence locale du BNETD.

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Si les marchés étaient autrefois passés de gré à gré, et plus récemment à la suite de consultations élargies, la tendance est aujourd’hui à l’instauration d’appels d’offres. La volonté de développer les études d’impact environnemental et de prendre en compte l’intérêt des populations est également marquée. « Les Équato-Guinéens sont très attachés à l’environnement, en particulier à la forêt, et au foncier. L’indemnisation des communautés expropriées par un projet donne parfois lieu à de longues transactions », souligne Laurent Adja Adiko. Un programme d’identification des compétences nationales, en particulier des étudiants équato-guinéens en formation à l’étranger, a par ailleurs été lancé. Histoire de préparer l’avenir.

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