Allemagne : Firas Alshater, le YouTubeur syrien qui démonte les préjugés avec humour

Il s’appelle Firas Alshater et vit à Berlin depuis deux ans et demi. Il fait partie des Syriens qui ont fui la guerre et trouvé refuge en Europe. Mais face à la montée de la xénophobie, l’intégration des migrants est un combat, qu’il mène avec humour sur YouTube depuis le mois de janvier. 

Le comédien syrien Firas Alshater. © Capture d’écran YouTube

Le comédien syrien Firas Alshater. © Capture d’écran YouTube

Publié le 17 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Sa première vidéo – son premier « Sucre » – est intitulée « Qui sont les Allemands ? ». Sur un ton léger et enjoué il se présente : « En Syrie je faisais des films – quand je n’étais pas en prison, parce que je faisais des films… » Puis, comparant les photos de la ville d’Alep dévastée à celles d’une capitale allemande en paix, il lance : « Voilà pourquoi je je préfère habiter Berlin ! »

Firas explique ensuite qu’il a appris à parler l’allemand mais qu’il a surtout manifesté le désir de « comprendre et de connaître vraiment les gens ». Il se pose ensuite la question de savoir si les Allemands sont xénophobes, comme le montrent les images de certaines manifestations anti-immigrés, ou au contraire accueillants, comme l’ont montré les manifestations de soutiens aux réfugiés.

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Pour se faire une idée précise, il a donc repris le concept d’une expérience menée par un musulman à Londres. Firas s’est planté les yeux bandés sur la grande Alexanderplatz avec une pancarte indiquant : « Je suis un réfugié syrien. Je te fais confiance. Me fais-tu confiance ? Embrasse moi ». Il va devoir patienter, mais, « à force de persévérance » dit-il, petit à petit les gens viennent à lui. Ce qui lui permet de conclure : « La morale de cette histoire c’est que les Allemands mettent longtemps à démarrer, mais quand ils sont partis, plus rien ne les arrête ! C’est la raison pour laquelle je pense que l’intégration sera un succès », conclut-il.

Dans une seconde vidéo, cette fois-ci tournée en février dans le cadre de l’action « Les youtubeurs contre le racisme » ( #YouGeHa2016
), il démontre avec le même humour l’absurdité du racisme : « Je n’ai rien contre les chats, explique-t-il, mais ils me piquent mon boulot ! C’est vrai quoi, ces petites bêtes mignonnes font plus de clics sur YouTube que moi ! Sans rien faire en plus. ils ne savent même pas faire de films. Ce n’est vraiment pas juste ! » Et de poursuivre : « Je n’ai vraiment rien contre les chats, mais ils obtiennent asile partout. Il leur suffit de s’asseoir devant une porte et de faire ‘Miaouuuuu!!!!’ et quelqu’un vient leur ouvrir la porte ! Si moi je fais la même chose personne ne vient ouvrir ». Avec sagesse, il conclut : « Si on se donne vraiment de la peine, on peut détester n’importe quoi, ou n’importe qui. Mais on n’est pas obligé ».

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En quelques semaines, ses vidéos – co-réalisées avec le producteur allemand Jan Heilig – sont devenues virales, avec environ 600 000 vues chacune. Elles apportent un vent d’air frais dans le débat sur l’immigration qui s’est jusqu’à présent focalisé sur les peurs et les violences.

Interrogé par le site américain Quartz, Heilig explique : « Firas est le premier (réfugié à faire ce type de vidéos). Il ne se contente pas de répondre aux questions que les gens se posent, mais il dit vraiment ce qu’il a envie de dire ». Comme dans cette vidéo (la troisième) réalisée après l’attaque d’un bus de réfugiés près de Dresde par des militants d’extrême droite.

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La chaîne YouTube de Firas s’appelle « Zukar »,- qui signifie « sucre » – un mot quasi similaire en allemand, en anglais et en arabe. Elle devrait diffuser dix vidéos au total, qui sont financées grâce à des dons de particuliers. Quant à Firas, ce premier coup (de maître) présage de belles choses pour son avenir.

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