Burkina : Zida peut dire au revoir à Washington

Nommé ambassadeur aux États-Unis en fin de transition, l’ex-Premier ministre ne posera finalement pas ses valises à Washington. Mercredi, le Conseil des ministres a adopté un décret présidentiel annulant sa nomination. Explications.

Isaac Zida, l’ancien chef du gouvernement burkinabè de transition. © AFP

Isaac Zida, l’ancien chef du gouvernement burkinabè de transition. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 17 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Son plan était tout tracé. Une semaine avant l’investiture de Roch Marc Christian Kaboré, Yacouba Isaac Zida avait fait adopter, le 22 décembre, lors du dernier Conseil des ministres du gouvernement transitoire, un décret le nommant au poste d’ambassadeur du Burkina Faso aux États-Unis.

Sa demande d’agrément ayant été acceptée quelques jours plus tôt par l’administration américaine, son début de carrière civile s’annonçait bien rodé : partir quelques années à Washington – où il se serait notamment rapproché de sa famille, installée à Ottawa, au Canada – pour se faire un peu oublier au Burkina, puis revenir à Ouagadougou pour se lancer en politique avant la prochaine présidentielle, prévue en 2020.

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Zida à Ottawa en espérant Washington

Mais les choses ne se sont pas déroulées tout à fait comme prévues pour Zida. Alors qu’il espérait que les nouvelles autorités valideraient rapidement cette reconversion confortable, Roch Kaboré et son entourage ont traîné des pieds. « La place des militaires, c’est dans les casernes », lançait ainsi, courant janvier, un collaborateur du président au sujet de celui qui s’est fait bombardé général quatre étoiles en fin de transition.

Puis les jours ont passés, sans que le chef de l’État (qui a autorité sur la nomination des ambassadeurs) entérine officiellement ce parachutage à Washington. Pendant ce temps-là, l’ancien homme fort de la transition séjournait la plupart de son temps à Ottawa, espérant un déblocage rapide de sa situation personnelle.

L’affaire a ensuite rebondi en début de semaine, après la publication dans le Journal officiel (JO) du décret du 22 décembre nommant Zida ambassadeur aux État-Unis. À Kosyam, le malaise est perceptible : on y assure que cette décision n’a jamais été validée par le président et on s’étonne de sa publication dans le JO.

Affaires de corruption ?

La situation s’est finalement clarifiée un peu plus de 48 heures plus tard, à l’issue du Conseil des ministres du 16 mars, lors duquel a été adopté un décret présidentiel mettant « fin aux fonctions d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso » auprès des États-Unis d’Isaac Zida. À la sortie du Conseil, Rémi Dandjinou, le porte-parole du gouvernement, a indiqué que le décret adopté le 22 décembre n’avait « jamais été communiqué au journal officiel » et qu’une enquête allait être ouverte sur cet imbroglio.

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« Zida est très contesté parce qu’il traîne beaucoup de casseroles. Le président n’allait pas nommer quelqu’un qui pourrait avoir des problèmes avec la justice à un tel poste », glisse un proche de Roch Kaboré. Ces dernières semaines, le nom de l’ancien Premier ministre est en effet souvent cité dans différentes affaires de corruption qui auraient émaillé la transition, et sur lesquelles le nouveau gouvernement entend désormais faire la lumière.

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