Surchauffe immobilière à Kinshasa

La présence massive d’expatriés à Kinshasa tire les loyers vers le haut. Une aubaine pour les propriétaires, constructeurs, promoteurs et agences immobilières. Un cauchemar pour les locataires…

Publié le 20 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Du coup, la demande se déplace peu à peu vers l’ouest, vers des quartiers comme GB et Socimat (voir carte), où les immeubles poussent comme des champignons… mais où la facture reste encore très salée. Comptez entre 3 000 et 5 000 dollars par mois pour un appartement, selon le standing et le nombre de pièces. Voire 7 000 dollars pour une vaste villa.

Autre quartier en vogue, Ma Campagne, dans la commune de Ngaliema, est de plus en plus recherché pour ses maisons cossues équipées de belles piscines que s’était fait construire la nomenklatura du temps de Mobutu Sese Seko. Ici, les loyers sont plus abordables, mais peuvent quand même grimper jusqu’à 4 000 dollars.

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La faute à la monusco

Dans la capitale congolaise, il n’y a pas vraiment de loyer de référence. Comme ailleurs, tout dépend de la localisation, du standing, de l’existence ou non d’une piscine, certes. Mais ici, la gourmandise des propriétaires joue aussi, et elle n’a cessé de grandir depuis l’arrivée à Kinshasa, en 2000, de la Monuc (devenue Monusco, Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo.

Celle-ci a raflé terrains et habitations libres à La Gombe pour loger son personnel. Par la suite, la demande croissante émanant des cadres d’entreprises étrangères, des diplomates et des employés d’ONG n’a rien arrangé. Autant dire que la note est élevée pour les locataires. De fait, la plupart des Kinois, incapables de suivre l’évolution des loyers, ont fui les quartiers prisés des expatriés et autres dignitaires congolais à fort pouvoir d’achat.

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Logements neufs

Les grands gagnants de ce boom immobilier sont bien évidemment les propriétaires de villas, les sociétés de construction – qui comptent de plus en plus de groupes chinois, dont China Jiangsu Construction Development Company -, mais aussi les promoteurs, comme Klat International, Simkha, le belge Orgaman et surtout les libanais Congo Futur et Achour, qui construisent à tour de bras. Conséquence : plus abondante, l’offre en logements – surtout neufs – a fait légèrement baisser les prix. Mais le marché a néanmoins encore de beaux jours devant lui.

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« La villa reste le logement idéal pour les expatriés en Afrique », estime Patricia Cuvelier, chez Immoaf, l’une des plus anciennes agences immobilières de Kinshasa. « Et la demande ne faiblit pas, car il y a de plus en plus de sociétés étrangères qui s’installent en RDC, ajoute-t-elle. Dès qu’un immeuble se construit, les entreprises courent réserver des logements pour leurs cadres. Il n’y a pas de risque de bulle dans l’immédiat. »

Le promoteur Charif Klat explique cet engouement pour la location – au détriment du marché de l’achat – par le fait que « la culture de la copropriété est peu développée ». « Si l’on ne veut pas qu’un immeuble se détériore rapidement, mieux vaut le louer et en assurer soi-même la gestion », conseille-t-il. Une aubaine, aussi, pour les agences immobilières.

Muriel Devey, envoyée spéciale à Kinshasa

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