Maroc : d’une pierre deux coups, la stratégie d’Anas Sefrioui

Le milliardaire marocain Anas Sefrioui implante des cimenteries dans quatre pays au sud du Sahara. Objectif : préparer le terrain pour l’arrivée de son groupe Addoha, spécialisé dans l’immobilier. Et redynamiser la valeur à la Bourse de Casa ?

Publié le 25 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Anas Sefrioui, patron de Douja Promotion groupe Addoha, a surpris le monde des affaires en s’envolant pour la Guinée le 11 octobre. Mais qu’allait faire à Conakry le roi des promoteurs immobiliers marocains, à la tête d’une fortune estimée par Forbes à 1,7 milliard d’euros ? Il s’est entretenu avec le président Alpha Condé pour lui proposer la construction d’une cimenterie. Un investissement de 30 millions d’euros, pour une capacité de production de 500 000 tonnes par an. En juillet, l’homme d’affaires a fait une offre similaire à Abidjan : la construction sur une dizaine d’hectares en zone portuaire, toujours par son entreprise Ciments de l’Atlas (Cimat), d’une unité dimensionnée pour produire, à terme, 1 million de tonnes de ciment par an (500 000 t dans un premier temps). « Le financement disponible est réalisé à 100 % sur fonds propres », déclarait alors Sefrioui. L’affaire a été conclue en septembre pour 30 millions d’euros d’investissements.

La première fortune professionnelle marocaine poursuit le même objectif dans deux autres pays d’Afrique subsaharienne. En attendant, la zone servira de débouché aux deux nouvelles cimenteries construites par Cimat en 2010 et 2011 sur un marché marocain saturé (437 millions d’euros d’investissement). D’une capacité de 3,2 millions de tonnes par an, elles doivent, pour être rentables, exporter un quart de leur production (800 000 t/an de clinker, un semi-produit du ciment).

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Dirigée par Anas Sefrioui lui-même, Cimat est une société indépendante. Mais son activité doit aussi servir à l’essor du vaisseau amiral Addoha, qui s’est fait une spécialité du logement social au Maroc et dont 61,74 % du capital appartient… au patron marocain (35 % sont cotés à la Bourse de Casablanca). De fait, quand Sefrioui veut convaincre les autorités guinéennes ou ivoiriennes d’accueillir une cimenterie, il leur promet aussi de venir construire des logements, dont la pénurie se fait cruellement sentir au sud du Sahara.

Recentrage

Car Addoha, numéro un marocain de l’immobilier, doit aussi préparer son avenir. En 2010, le groupe, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 675 millions d’euros, s’est désengagé du tourisme (projet Saïdia) pour se recentrer sur son métier de base, l’immobilier résidentiel (logement social, intermédiaire et de haut standing). « Une bonne nouvelle : cela permet au groupe de s’écarter d’une activité cyclique », note une analyse d’octobre 2011 du cabinet CFG Group.

« Pour la seule année 2011, le groupe entend livrer plus de 26 000 logements, dont 1 650 unités de haut standing. À cet effet, Addoha maintient ses prévisions, soit un chiffre d’affaires de 804 millions d’euros – dont 31 % devant être brassés par le segment du haut standing – et un résultat net part du groupe de 175 millions d’euros. Pour notre part, nous tablons sur un chiffre d’affaires consolidé de 828 millions en 2011, pour un résultat net part du groupe de 166 millions », détaille BMCE Capital Bourse.

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Rien qu’en 2011, le groupe immobilier livrera huit programmes résidentiels de prestige, dont la moitié à Marrakech. Trois autres sont déjà prévus pour 2014 et 2015. Pour 2012, BMCE Capital Bourse reste confiant et anticipe un chiffre d’affaires de 996 millions d’euros et un résultat net de 227 millions. « En date du 20 septembre 2011, le groupe Addoha dispose de 34 194 compromis de vente, correspondant à un chiffre d’affaires sécurisé de 1,9 milliard d’euros pour les vingt-quatre prochains moins », poursuit la société d’intermédiation. Et de conclure : « Nous recommandons l’achat du titre. » Lequel a tout de même perdu 23,5 % depuis le début de l’année. À coup sûr, le relais de croissance au sud du Sahara devrait dynamiser la valeur Addoha.

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