Hévéa, palmier et sucre : un tiercé gagnant

Les trois filières, privatisées à la fin des années 1990 en Côte d’Ivoire, constituent un énorme potentiel pour le développement agro-industriel ouest-africain. À condition d’améliorer les rendements, la disponibilité foncière et l’intégration régionale.

Publié le 7 avril 2010 Lecture : 3 minutes.

Le grand bond en avant du caoutchouc naturel

Dans les années 1980, la récolte était de 22 000 t, elle atteint aujourd’hui 200 000 t et, « d’ici à 2030, la Côte d’Ivoire devrait produire autour de 600 000 t de caoutchouc, en multipliant les surfaces cultivées par trois pour atteindre 300 000 ha », explique Banga Amoikon, directeur général de la Société africaine de plantations d’hévéas (SAPH), qui assure près de la moitié de la production nationale de caoutchouc.

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L’hévéaculture connaît une véritable ruée des planteurs ces dernières années. Elle présente l’avantage de leur offrir un revenu mensuel, contrairement au cacao. Le kilo de caoutchouc se vendait à 502 F CFA (0,77 euro) en février, soit un niveau comparable à celui de la fève. Seize ans après la libéralisation de ses activités, le secteur compte 11 sociétés industrielles dans le pays et quelque 120 000 ha en production, dont 60 % en plantations villageoises et 40 % en plantations industrielles. « La filière est très porteuse, cependant, souligne Banga Amoikon, les autorités doivent réfléchir, avec les industriels et les producteurs, pour permettre un meilleur accès au foncier. »

Toute la stratégie ivoirienne de développement repose sur les perspectives de croissance de la demande mondiale en caoutchouc naturel, qui se déplace progressivement de l’Europe vers l’Asie. D’ici à 2018, les besoins devraient atteindre 27 millions de tonnes, contre 21 millions actuellement. D’autant que, particulièrement utilisé dans l’industrie pneumatique, la part du caoutchouc naturel dans les élastomères (qui est actuellement de 40 %) pourrait croître avec l’augmentation des cours du pétrole.

Un marché régional prometteur pour l’huile de palme

L’industrie du palmier à huile connaît actuellement une véritable révolution sous la houlette des experts asiatiques. Désormais associée aux géants singapouriens Wilmar (premier producteur mondial) et Olam, la Palmci (groupe Sifca) est engagée dans une bataille de la productivité. « Nous sommes passés d’une production industrielle de 13,5 t à l’hectare en 2008 à 16,8 t en 2009 », explique Christophe Koreki, secrétaire général de la société. Autre objectif : améliorer la récolte villageoise, actuellement de 6,5 t, pour la faire passer à 13 t.

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La production nationale d’huile de palme a progressé, passant de 323 000 t en 2007 à 430 000 en 2009 et, comme le souligne Christophe Koreki, « l’objectif est de la doubler d’ici à 2018 ». Une stratégie qui vise à répondre aux besoins du marché sous-régional, particulièrement porteur. Le déficit annuel des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est de 150 000 t d’huile, et devrait atteindre 300 000 t en 2020. Actuellement, les industriels ivoiriens couvrent la totalité de la consommation nationale (250 000 t) et vendent leurs excédents dans la sous-région. Un espace où l’on peut théoriquement exporter en franchise de droits.

Les investissements actuels portent également sur le développement des capacités de transformation. La société Sania installe actuellement une nouvelle usine, d’une capacité de 1 500 t/jour, pour remplacer progressivement ses raffineries existantes. Outre les économies d’échelle, le nouveau complexe permettra d’améliorer la qualité de l’huile.

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L’huilerie d’Ehannia, le plus grand des sept sites de production de la Palmci. / © Falonne pour J.A.

Modernisation sous tension pour les sucreries

« Nos performances peuvent être sensiblement améliorées, explique Patrick Olivier Daipo, secrétaire général de Sucrivoire. Le coût de revient d’une tonne de sucre ivoirien est de 580 dollars, soit près du double de celui des Brésiliens. » Les deux opérateurs nationaux, Sucaf (groupe Castel) et Sucrivoire (groupe Sifca), produisent chacun 95 000 t de sucre roux raffiné par an. Dotés d’un outil de production datant de la fin des années 1970, leur priorité est de réhabiliter leurs usines afin d’augmenter les capacités de production et d’atteindre une taille suffisante pour s’imposer sur le marché régional. Dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la consommation est de 775 000 t pour une capacité de production régionale de seulement 414 000 t. L’objectif des industriels ivoiriens est de produire environ 225 000 t d’ici à 2015.

Pas facile, toutefois, de monter en puissance, alors que leurs unités de production se trouvent dans le nord du pays, en zone contrôlée par les Forces nouvelles (FN), qui orchestrent l’entrée illégale de sucre via le Burkina. Sucaf et Sucrivoire ont cependant obtenu de l’État qu’il interdise les importations, ce qui est effectif dans le sud du pays, où ils fournissent donc les industries agroalimentaires, notamment Nestlé, SN Chocodi et Solibra.

Complexe sucrier de Zenoula. / © Falonne pour J.A.

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