Présidentielle au Congo-Brazzaville : un vote dans le calme, les télécommunications coupées
Les Congolais ont voté dimanche pour une élection présidentielle opposant huit candidats au chef de l’État sortant Denis Sassou Nguesso.
Dans la capitale, la journée a été calme, mais vers 18h30 (17h30 GMT), dans ce qui semble avoir été un bref moment isolé de violence, la police anti-émeutes a dispersé avec des gaz lacrymogènes quelque 200 jeunes partisans du candidat d’opposition Guy-Brice Parfait Kolélas qui insistaient pour assister au dépouillement à l’intérieur d’un bureau de vote de Makélékélé, quartier sud.
Des résultats connus à partir de mardi ?
Le scrutin était ouvert de 07h00 à 18h00 (06h00 à 17h00 GMT). Le président Denis Sassou Nguesso a voté dans le centre de Brazzaville vers 11h15. Les résultats pourraient être connus à partir de mardi.
Pendant toute la journée, Brazzaville a pris des allures de ville morte, en raison d’une interdiction de circuler aux automobiles (mesure habituelle les jours d’élection).
À Poto-Poto, dans le centre, des dizaines de jeunes en ont profité pour envahir certaines rues asphaltées et les transformer en une succession de terrains de football. À Makélékélé, fief de M. Kolélas, les électeurs s’expriment massivement pour le départ de M. Sassou Nguesso, à l’image de Ryan, frigoriste de 24 ans pour qui le président « a déjà foutu quatre générations ; on ne veut pas gaspiller les suivantes ».
À l’inverse, dans le nord de la capitale réputé acquis au président, Fridolin, chômeur de 31 ans juge les opposants, « dangereux ». Si on est en paix, c’est grâce à Sassou », estime-t-il.
Bulletin de vote unique
Les électeurs ont expérimenté dimanche le bulletin de vote unique faisant apparaître les noms des neuf candidats, chaque électeur devant indiquer son choix par une croix ou une empreinte digitale sous le nom retenu.
« N’ayant aucune confiance dans la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) chargée de publier les résultats, les cinq candidats du pacte anti-Sassou – M. Kolélas, Jean-Marie Michel Mokoko, Claudine Munari, André Okombi Salissa et Pascal Tsaty Mabiala – ont créé une « commission technique » parallèle pour surveiller le scrutin.
Ils avaient jugé avant le scrutin que les conditions n’étaient pas remplies pour des élections « sincères, crédibles et transparentes ». Dédaignant pour autant de boycotter le scrutin, ils ont appelé le peuple à « exercer sa souveraineté » dans le cas où le président sortant l’emporterait dès le premier tour, comme il l’a promis à ses partisans.
Craintes de violences
Le gouvernement a jugé ces appels « insurrectionnels ». Craignant des violences après le scrutin, les Nations unies avaient appelé jeudi toutes les parties au calme.
Les délégués du pacte anti-Sassou avaient pour mission de photographier à l’aide de téléphones portables les procès-verbaux des bureaux de vote afin de compiler ses propres résultats pour les comparer à ceux publiés au niveau national. La coupure des communications les empêche de le faire.
Jugeant que les conditions d’un scrutin transparent et démocratique n’étaient pas réunies, l’Union européenne avait renoncé à missionner des observateurs. L’Union africaine en a dépêché une trentaine, et la Conférence internationale sur les Grands Lacs (CIRGL) une vingtaine.
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