Abdou Diop (Mazars) : « Les jeunes de la génération Y sont prêts à travailler dur »

Parmi les principaux sujets de discussion de la quatrième édition de l’Africa CEO Forum qui se tient ces 21 et  22 mars à Abidjan : les ressources humaines dont les entreprises ont besoin pour assurer leur développement. Un thème qui a fait l’objet d’une étude réalisée par le cabinet de conseil Mazars.

Jeunes tunisiens dans une agence BNEC (Bureaux de l’Emploi et du Travail Indépendant), à Tunis le 02 juillet 2010. © Ons Abid pour Jeune Afrique

Jeunes tunisiens dans une agence BNEC (Bureaux de l’Emploi et du Travail Indépendant), à Tunis le 02 juillet 2010. © Ons Abid pour Jeune Afrique

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 21 mars 2016 Lecture : 4 minutes.

Ouverture du CEO Forum à Abidjan © DR
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Côte d’Ivoire : 4e édition de l’Africa CEO Forum à Abidjan

Une centaine de VIP de l’économie africaine (et les 800 participants) sont annoncés les 21 et 22 mars à la quatrième édition du Africa CEO Forum, en Côte d’Ivoire.

Sommaire

Cette étude a été présentée à l’occasion d’un débat intitulé Capital humain : attirer, développer et conserver les meilleurs profils. Jeune Afrique a interrogé Abdou Diop, l’un des associés du cabinet ayant réalisé cette enquête.

Jeune Afrique : Mazars publie à l’occasion de la 4e édition du Africa CEO Forum une étude intitulée “Être un leader en Afrique, aujourd’hui et… demain”. Quel en est le contexte ?

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Abdou Diop : Après un certain nombre d’études réalisées en interne sur les préoccupations des jeunes, nous avons décidé, au vu des résultats que nous avions obtenus et des enseignements que nous en avons tirés, qu’il fallait vraiment en faire une qui soit spécifique à l’Afrique. Ceci dans un contexte où les clients du cabinet, que ce soit les groupes internationaux ou les groupes régionaux, se développent sur le continent. Et nous ne sommes plus dans la dynamique de faire venir des expatriés mais d’avoir des compétences locales, parce que la dimension culturelle est importante.

Certains de nos clients ont souhaité connaître le panorama des dirigeants économiques africains et ses perspectives d’évolution. L’étude a ainsi été axée sur deux populations : des « dirigeants d’aujourd’hui », expérimentés et installés depuis plusieurs années dans différents pays du continent, et des jeunes managers.

On a interrogé 50 dirigeants africains répartis dans 18 pays. Nous leur avons demandé ce qui selon eux fait le succès d’un dirigeant.

De l’autre côté, nous avons interviewé 760 jeunes managers, « dirigeants de demain », ce qu’on appelle la « génération Y » dans 36 pays et de 43 nationalités.

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Qu’est-il ressorti de cette étude sur les dirigeants économiques africains d’aujourd’hui ?

Qu’ils appartiennent à trois catégories : le « grand chef », le patriarche qui ne fait émerger personne après lui. Ce dirigeant doit comprendre que personne n’est éternel et qu’il est important de pouvoir construire la relève.

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La deuxième catégorie, plus intéressante et qui apparaît très clairement dans notre étude, est celle du dirigeant qui considère qu’aujourd’hui pour réussir il faut construire des équipes. C’est cette catégorie de dirigeants qui saura faire émerger des leaders de demain.

Et une troisième catégorie de dirigeants qui sont conscients de cette réalité mais qui n’ont pas les capacités de faire émerger les jeunes. Mais c’est déjà un point positif qu’ils en soient conscients. Ils peuvent se faire aider grâce à des études comme celle que nous publions.

D’après les CEO interrogés, qu’est-ce qui fait un dirigeant à succès aujourd’hui en Afrique ?

Si la formation a son rôle à jouer, elle n’est pas aussi essentielle que cela pour être un bon leader économique. Quand on analyse ce que font les dirigeants à succès aujourd’hui, certaines qualités comme la capacité à s’adapter et l’ingéniosité apparaissent plus importantes que les études. L’humilité est aussi un facteur très important.

Qu’en est-il de la génération Y et de ses aspirations?

Aujourd’hui, les jeunes africains veulent travailler en Afrique et pour l’Afrique. Autant ils ont envie d’aller faire des études à l’étranger autant quand il s’agit de s’engager dans la vie professionnelle, ils ont envie de contribuer au développement du continent. Il n’y a que 10 % des jeunes sondés dans notre étude qui ne veulent pas travailler en Afrique.

Autre élément important, près de 70 % des jeunes interrogés veulent être des dirigeants demain. On n’est plus dans un modèle où les jeunes voulaient un travail, un salaire, sans grande responsabilité.

Enfin, ils veulent être dans un cadre de travail innovant. Tout le monde a en tête l’environnement de Google où les heures de travail sont flexibles mais où tous les salariés sont responsabilisés.

Notre étude montre que, contrairement aux stéréotypes sur la génération Y, ces jeunes sont prêts à travailler dur. Ils sont prêts à le faire mais à condition d’être responsabilisés, d’avoir des perspectives d’évolution de carrière et un environnement de travail agréable et innovant.

Il s’agit donc pour les entreprises d’avoir une bonne lecture des aspirations de ces jeunes et de les coacher dans ce sens.

L’étude montre par ailleurs que les ressources humaines constituent l’élément clé, devant l’accès aux capitaux, pour maintenir la croissance d’une entreprise…

Beaucoup de nos clients sont des entreprises qui se développent dans plusieurs pays. Et dans ce contexte, vous avez beau avoir l’argent, si vous n’avez pas le capital humain nécessaire, vous n’y arriverez pas. L’homme est, plus que le capital, le facteur limitant dans le développement de l’entreprise sur le continent aujourd’hui.

Les écoles et les entreprises forment des comptables et des responsables des ressources humaines compétents. Mais trouver un vrai dirigeant, un vrai leader qui va en faire émerger d’autres et qui va impulser une vision dans une entreprise reste un défi de premier ordre.

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