Agrobusiness : Olam poursuit sa stratégie africaine

Le patron du géant singapourien Olam s’est rendu début septembre en Côte d’Ivoire et au Gabon. Il veut confirmer la place du continent au cœur de sa stratégie, ainsi que son appétit d’acquisitions et d’investissements.

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 8 septembre 2011 Lecture : 4 minutes.

La visite du big boss d’Olam en Côte d’Ivoire, début septembre, n’est pas un hasard. Sunny Verghese entend faire du groupe singapourien, dont un tiers des activités sont localisées en Afrique, l’un des acteurs clés du redémarrage économique ivoirien. Une audience a même été demandée au président Alassane Ouattara. Surtout, outre une visite au premier groupe industriel du pays, Sifca, dont il est l’actionnaire depuis 2008, le dirigeant britannique d’origine indienne a pris le pouls de ses autres projets, dont certains ont été mis en veille depuis le début de la crise postélectorale.

Stratégie africaine

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Il s’est ainsi rendu sur le site de sa nouvelle usine de transformation de noix de cajou à Bouaké, dont la construction, elle, n’a pas été interrompue malgré la guerre, et qui devrait être inaugurée ce mois-ci. Également, toujours en gestation, une usine de transformation de cacao d’une capacité comprise entre 40 000 et 60 000 tonnes par an, qui sera implantée à Abidjan ou à San Pedro. Sunny Verghese s’est ensuite rendu au Ghana, puis au Nigeria, avant de rejoindre, le 8, Libreville, où il a inauguré le lendemain une nouvelle zone économique essentiellement consacrée à l’industrie du bois.

Cette nouvelle tournée d’une semaine (Sunny Verghese s’est rendu en Afrique du Sud et au Mozambique en juillet) illustre une fois de plus l’importance de l’Afrique dans la stratégie d’Olam. Le groupe a même commencé ses activités, en 1989, avec le commerce de noix de cajou entre Lagos et New Delhi. Alors salarié du holding indien Kewalram Chanrai (actionnaire majoritaire d’Olam), Sunny Verghese est missionné pour créer une société agroalimentaire qui, vingt ans plus tard, est devenue l’un des plus gros exportateurs du Nigeria, hors pétrole, et est implantée dans 23 pays africains.

Diversification des activités

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Une ascension fulgurante : présent dans plus de 65 pays à travers le monde, diversifié dans une vingtaine de produits (coton, cacao, café, riz, bois, huile de palme…), le groupe affiche une santé financière insolente, avec un chiffre d’affaires 2011 (exercice de juillet 2010 à juin 2011) de 8,8 milliards d’euros (+ 50 % sur un an) et un bénéfice de 250 millions d’euros (+ 23,6 %). Sa capitalisation boursière était de 3,8 milliards d’euros le 31 août (- 6 % sur un an).

Ces performances sont le fruit d’une diversification vers des activités plus rentables. Le groupe a annoncé il y a trois ans son intention de remonter la chaîne de valeur et d’être présent « de la plantation à l’assiette ». Dans le négoce, les volumes sont importants, mais les marges sont de 1 % à 2 % seulement. Pour les accroître, il faut remonter la filière jusqu’à la production, où elles atteignent entre 25 % et 30 %, avant de redescendre au niveau de la transformation, où elles tournent autour de 10 % à 15 %.

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Le groupe entend ne rater aucune opportunité d’acquisition, aidé par ses différents directeurs répartis à Dakar, Lagos, Accra, Abidjan, Dar es-Salaam, Libreville et Durban. Derniers investissements en date : Crown Flour Mills (minoterie, pâtes alimentaires…) au Nigeria et TT Timber International (1,3 million d’hectares de forêt au Congo et 300 000 ha au Gabon). Biscuiteries, confiseries, industrie du lait, pâtes alimentaires, minoteries… Les prochains deals sont déjà à l’étude mais tenus confidentiels. « Nous allons investir en Afrique 1,4 milliard d’euros », rappelle Ranveer Chauhan, directeur général Afrique d’Olam.

Objectif coton

Autre vaste chantier du groupe, le coton. Principalement actif en Australie sur ce créneau, l’agro-industriel entend développer cette activité en Afrique – il est déjà présent en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Mozambique, où il a annoncé début août 1935 millions d’euros d’investissements. Il fait de plus partie des postulants à la privatisation de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT). Alors qu’il avait soumissionné pour le lot nord-est en décembre 2010, aujourd’hui tout est bloqué. Le changement de Premier ministre et la campagne électorale (scrutin présidentiel en 2012) ont, semble-t-il, enrayé le processus, qui aurait dû se conclure en mars.

Pour Olam, l’Afrique recèle un potentiel cotonnier mal exploité : les surfaces sont là, mais il faut intégrer les filières et augmenter les rendements. Pour ce faire, la firme veut fournir aux paysans les intrants nécessaires. En mars, le groupe singapourien a de fait annoncé la conclusion d’un accord avec l’État gabonais pour la construction d’une usine d’engrais (à base d’urée) de 900 millions d’euros. Une première pour Olam, qui s’est allié à l’indien Tata pour son savoir-faire. D’une capacité de 1,3 million de tonnes, l’usine sera capable d’alimenter les pays d’Afrique de l’Ouest. À l’affût, le groupe se dit même intéressé, si l’occasion se présentait, par les phosphates (utilisés dans les engrais). Un rouleau compresseur que rien ne semble pouvoir arrêter. 

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Acquisitions en chaîne

Entre 2007 et mai 2011, Olam a procédé à 24 acquisitions et opérations d’investissement à travers le monde, pour un montant total de 1,2 milliard d’euros. Son portefeuille regroupe quelque 19 produits : noix de cajou, café, cacao, lait, sucre, épices, riz, engrais, bois, huile de palme… Parmi les opérations significatives d’Olam en Afrique, citons l’entrée au capital de Sifca (Côte d’Ivoire, 2008, 120 millions d’euros), l’achat de Crown Flour Mills (Nigeria, 2010, 115 millions d’euros) et l’acquisition de TT Timber International (Gabon et Congo, 2011, 30 millions d’euros). M.P.

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