Le cacao camerounais renoue avec sa renommée
Le Cameroun commence à récolter les fruits d’un plan de relance qui a réorganisé la filière cacao et, surtout, misé sur la qualité. Prochaine étape : décrocher des certifications internationales.
En compensation, le prix payé aux 600 000 exploitants a augmenté, porté aussi par les cours mondiaux. Mais la filière s’est déstructurée, le nombre d’exportateurs et d’acheteurs occasionnels s’est multiplié, et le pouvoir de négociation est passé du côté de quelques majors (Cargill, ADM, Olam, Nestlé…). Conséquences : les contrats à terme (à livraison différée) sont devenus marginaux, au profit des contrats spot (au jour le jour) ; la visibilité des producteurs s’est réduite en même temps que leur marge de manœuvre ; les banques sont devenues frileuses ; et, en définitive, la qualité s’est dégradée, la traçabilité a disparu et les organisations paysannes se sont délitées. « Les opérateurs privés ont investi pour améliorer la rentabilité et augmenter la production du pays, mais ils ne l’ont fait que dans leur propre intérêt », relève Pierre Etoa Abena, de l’Office national du cacao et du café (ONCC).
En 2002, alertés par les organisations camerounaises, les pouvoirs publics ont décidé de mettre en place un plan de relance du cacao et du café, doté d’une enveloppe de 268 millions d’euros sur dix ans à partir de 2004. « Objectifs : promouvoir la marque Cameroun, optimiser la récolte, sécuriser les revenus des producteurs, multiplier les plants et produire des intrants », égrène Pierre Etoa Abena.
Marché virtuel
Une initiative parmi d’autres : pour approvisionner les cultivateurs, des champs semenciers et des pépinières décentralisées ont été créés. La production est aujourd’hui de 5 millions de cacaoyers par an. Coût de l’opération : 12 millions d’euros. Autre action, destinée à redonner aux producteurs les moyens d’améliorer la qualité des fèves et de négocier à terme : la fabrication d’équipements pour les traitements postrécolte, de silos et d’entrepôts. Le dispositif sera complété par un système d’information aux cultivateurs, soutenu par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) : prix, qualité, conditions climatiques… « Nous ambitionnons d’instaurer un vrai marché virtuel camerounais », assure Pierre Etoa Abena, avec à terme la création d’une place de marché électronique.
Le pays s’oriente aussi vers de nouveaux débouchés, notamment ceux offerts par les certifications. Alors que, selon l’ONCC, 70 000 exploitants en Côte d’Ivoire, 8 000 au Ghana et 2 000 au Nigeria sont aujourd’hui certifiés par des organismes tels que Rainforest Alliance, UTZ ou encore Fairtrade, aucun ne l’est au Cameroun.
Du côté des organisations paysannes, si l’on admet que des efforts ont été faits, « les résultats ne sont pas encore à la hauteur des moyens mis en place », selon Bernard Njonga, président de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic). « Les traitements des vergers et les circuits de commercialisation doivent encore être améliorés », assure-t-il. Jean-Marc Anga, directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao, est plus postitif : « Il y a une vraie volonté politique, le plan de relance mis en place par le pays porte déjà ses fruits. » La fève camerounaise pourrait bien retrouver sa notoriété.
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