La bataille de Ben Guerdane serait-elle le prélude d’une victoire à venir ?

Dans sa rubrique « Ce que je crois », Béchir Ben Yahmed écrit dans Jeune Afrique du 17 mars 2016 : « Le 7 mars 2016 fera probablement date dans l’histoire de la Tunisie et comptera dans l’histoire de cette région ». L’Europe en est-elle consciente ?

Un mur criblé de balles suite à l’attaque de Ben Guerdane début mars. © AP / SIPA

Un mur criblé de balles suite à l’attaque de Ben Guerdane début mars. © AP / SIPA

Chadli Laroussi

Publié le 23 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Loin de là à lire l’éditorial du journal Le Monde du 11 mars 2016 qui s’interroge : « Où est la mobilisation exceptionnelle, publique et privée, en faveur des 11 millions de Tunisiens ? À quand un Conseil européen consacré à la Tunisie, suivi d’une conférence des investisseurs européens ? Faudra-t-il attendre d’autres Ben Guerdane ? L’aveuglement des Européens face à ce qui se joue en Tunisie est pathétique, désespérant ».

Les Européens semblent avoir oublié que la victoire du camp de la liberté dans la Seconde Guerre Mondiale eut son ébauche au Sud tunisien quand le maréchal Montgomery, installé dans son QG à Ben Guerdane, écrasa les forces de l’Axe, un certain 6 mars 1943, dans « la Bataille de Médenine »[1], bourgade située à mi-chemin entre la ligne Mareth et Ben Guerdane.

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Trois jours avant l’offensive, le maréchal Rommel, qui commandait les armées de l’Axe, subjugué par la douceur du printemps au Sud tunisien, la beauté de sa campagne fleurie, son air limpide et ses étendues peu propices aux camouflages nécessaires en temps de guerre, confiait dans une lettre adressée à sa femme ce que lui inspirait la belle saison dans ce pays africain.

Les enseignements de l’Histoire

« C’est déjà le printemps de ce côté de la mer, lui dit-il, arbres en fleurs, prairies, soleil… Le monde pourrait être si beau pour tous les hommes ! Il y aurait de telles possibilités de pourvoir à leurs besoins et de les rendre heureux ! Il y aurait tant à faire, surtout sur cette terre d’Afrique, aux espaces illimités ! »[2]. Au lendemain de sa défaite le 6 mars 1943 à Médenine, pressant Hitler de rappeler ses troupes, il déclara : « C’est le début de la fin en Tunisie pour les forces de l’Axe ». Pourrions-nous affirmer après la Bataille de Ben Guerdane du 7 mars 2016 et la défaite des terroristes face à l’armée et aux forces de sécurité tunisiennes appuyées par la population locale imbue des valeurs républicaines de leur jeune démocratie naissante : « C’est le début de la fin en Tunisie pour les forces de la barbarie » ?

Quoiqu’il en soit, l’Histoire nous apprend qu’au milieu du siècle dernier, grâce à leur puissance de feu et à l’appui apporté sur le champ de bataille par les soldats tunisiens enrôlés dans la Légion étrangère ainsi que le soutien de la  population locale (suite au ralliement du Néo-Destour, dirigé par Bourguiba, au camp de la Liberté), les Alliés remportèrent la Bataille de Médenine.

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La libération de Médenine le 6 Mars 1943 de l’emprise nazie fut le prélude de la libération  de Paris le 25 août 1944, puis celle de Bruxelles le 3 septembre de la même année. Ainsi, le vent de la liberté qui a soufflé sur Médenine dans ce petit pays du Nord de l’Afrique, gagna l’Europe en moins d’une année et demie d’intervalle. En serait-il de même aujourd’hui, après la bataille de Ben Guerdane du 7 mars 2016 ? Cette dernière, la plus meurtrière et la plus humiliante pour les terroristes,  serait-elle le prélude de la victoire des Démocraties dans cette « Troisième Guerre Mondiale » menée contre le terrorisme, ce nouveau fléau du XXIè siècle qui frappe aveuglément au Nord comme au Sud.

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[1] Chadli LAROUSSI, Un prénom pour exister (pages 131 à 133),  L’Harmattan,  Paris, 2016
[2] Rommel (F.M.), La guerre sans haine, Le livre contemporain, 1960.

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