France : le street art engagé de Combo s’affiche au Musée national de l’histoire de l’immigration
De ses premiers grafitis sur les murs de Nice il y a plus de dix ans aux expositions qui lui sont consacrées, comme celle qui aura lieu au Musée national de l’histoire de l’immigration, du 22 au 27 mars 2016, Combo, 28 ans, a fait du chemin.
De la pub au street art
Combo a fait du chemin, au sens propre. Tchernobyl, Beyrouth, Tel-Aviv, Honk Kong … Ces villes ont les murs tapissés des messages percutants de l’artiste. Né à Amiens mais ayant grandi à Nice, ce globe-trotter de père libanais et de mère marocaine, a fait du street art son travail à temps plein depuis quatre ans. Avant cela, c’était pour le compte de grandes entreprises, comme Peugeot ou Canal +, qu’il délivrait des slogans. La publicité était pour lui « ce qui se rapprochait le plus du street art puisqu’il s’agissait de capter le regard, et de vendre un message ». Mais de plus en plus en contradiction avec la politique de ces grandes entreprises, il a fini par abandonner la pub pour reprendre les bombes.
De la pop culture…
Son premier coup d’éclat : coller des affiches de publicité de Suez, Areva et Tepco vantant les mérites du nucléaire au cœur de la cité dévastée de Tchernobyl, en Ukraine. Lancé près d’un an après la catastrophe de Fukushima, sa campagne artistique, qui souligne le contraste saisissant entre fantasme et réalité, a connu un retentissement médiatique considérable, mettant un coup de projecteur sur le street artiste, qui enchaînera en collant des affiches Google censurées par le Parti communiste chinois à Honk Kong. Après, il réalisera des travaux inspiré de la pop culture. Le boxeur Muhammad Ali mettant KO un personnage de jeux vidéos de combats, Salvador Dali grimé en Maître Yoda (ou le contraire), son art fait la part belle à la culture dans laquelle il baigne depuis son enfance. Mais le message militant n’est jamais bien loin.
… à la religion
Il le reconnaît lui-même, depuis les attentats de janvier 2015, son art s’est « assombri ». Des candidats aux élections municipales de Paris grimés en personnages des films de Walt Disney, Combo passera à des graffs soulevant des sujets tels que l’immigration ou l’Islam. Le street art est devenu aujourd’hui pour lui plus qu’hier « un levier au service de la transmission d’un message ». Ses personnages récurrents Mohammed, Moshe et Michel, représentants respectivement l’islam, le judaïsme et le catholicisme, sont les vecteurs d’une pratique tolérante de la religion et sans cliché. Ce qui l’influence le plus en ce moment ? La question des migrants. Il y a consacré une grande fresque lors de son exposition à l’Institut du Monde arabe, au début de l’année 2016.
Un street artiste qui dérange
Les insultes et les menaces, Combo les côtoie au quotidien. Ses graffs et ses collages dérangent, et l’illustration la plus violente en est l’agression qu’il a subi, le 30 janvier 2015, après avoir tagué son fameux « Coexist » – avec un croissant musulman pour le C, une étoile de David pour le X, et une croix chrétienne pour le T – sur un mur près de la porte Dorée, à Paris. Passé à tabac par quatre jeunes qui l’ont sommé de l’effacer tout en l’insultant, Combo, une épaule démise et le corps tuméfié, n’en acquerra que davantage de ferveur, d’autant plus que cet épisode malheureux lui apportera tout de même un éclairage médiatique non négligeable.
Dernière polémique en date, celle suscitée par son œuvre « Jeanne de Paname » en juin 2015, fresque éphémère exposée rue Oberkampf, représentant une jeune femme blonde auréolée, en référence à Jeanne d’Arc, dans une posture combattante, brandissant un drapeau sur lequel est inscrit « Liberté, Égalité, Humanité ». À gauche, le slogan nationaliste « la France aux Français » barré, qui fait place à « les Françaises aux Africains ». Quarante-huit heures plus tard, ce slogan est recouvert de peinture. L’Agrif, une association d’extrême-droite, souhaite porter plainte, considérant l’œuvre « doublement raciste, à l’égard des femmes, et des Français en général ». Pour Combo, ces polémiques prouvent simplement que « le street art, en s’appropriant des sujets tabous, touche aux problématiques qui agitent la société ». Refusant de céder aux menaces, il suit son credo depuis toujours « Fear no one, fear nothing », (N’aie peur de rien ni de personne).
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