RD Congo : les militants de Lucha et Filimbi suspendent leur grève de la faim
Après neuf jours sans alimentation, Fred Bauma et Yves Makwambala ont décidé de suspendre leur mouvement de grève de la faim, qu’ils avaient entamé pour protester contre leur incarcération et des accusations qu’ils estiment « politiques ».
Les militants Fred Bauma et Yves Makwambala cesseront mercredi leur grève de la faim, commencée il y a neuf jours. « Ils pensent que leur message est passé et que même s’ils n’ont pas obtenu la libération [provisoire] ils ont su faire passer un message important », confie un militant de Lucha sous couvert de l’anonymat.
Celui-ci précise cependant que la grève de la faim sera simplement « suspendue ». « Comme la société civile le leur a proposé, ils pourront reprendre la grève s’ils continuent à subir le même acharnement » des autorités, précise-t-il, alors que, jeudi, la Cour suprême, siégeant en cour de cassation, leur a refusé la liberté provisoire.
Les activistes de Lutte pour le changement (Lucha) et Filimbi (sifflet, en swahili), considérés comme subversifs par le pouvoir, avaient cessé de s’alimenter le 15 mars, premier anniversaire de leur arrestation à Kinshasa. Ils dénonçaient ainsi leur incarcération et leur procès « politique », entre autre pour complot contre le président Joseph Kabila.
Fred Bauma et Yves Makwambala très affaiblis
Avant qu’ils ne commencent leur grève de la faim, plusieurs activistes avaient tenté de les décourager. Ils n’ont pas voulu renoncer et, dans la foulée, cinq militants de Lucha et la mère de Fred Bauma ont eux aussi arrêté de manger.
Le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, avait expliqué que Kinshasa ne cèderait pas au « chantage » des deux militants et souligné qu’ils risquaient de mettre leur vie « inutilement » en danger. Aucun problème de santé majeur n’a été signalé au cours de leur grève mais les deux militants ont chacun perdu environ quatre kilos et sont très affaiblis.
Répressions et injustices
Dans une lettre qui doit être remise jeudi à la présidence, et que Jeune Afrique a pu consulter, Fred Bauma et Yves Makwambala dénoncent « une année d’enfermement ponctuée d’interrogatoires interminables, d’humiliations diverses et d’actes de torture physique et morale », ainsi que l’attitude des « instances judiciaires manifestement déterminées à nous anéantir sous n’importe quel prétexte ».
Puis, ils demandent « instamment » à Joseph Kabila de leur « rendre la précieuse liberté » dont ils s’estiment « arbitrairement privés ». « Nous vous appelons à en faire autant en faveur de tous les prisonniers politiques et d’opinion », écrivent-ils, avant de conclure : « Vous aurez aussi montré que les répressions et les injustices qui se commettent actuellement ne le sont pas en votre nom ni avec votre bénédiction, comme l’opinion nationale et internationale a hélas tendance à le penser ».
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