Rachat d’Orascom Telecom par MTN : le bras de fer algérien

Le groupe de télécommunications sud-africain MTN a annoncé publiquement son intention de racheter l’Égyptien Orascom Telecom – dont sa juteuse filiale algérienne OTA. Une opération qui n’est pas du goût d’Alger.    

Publié le 29 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

L’information circulait dans les milieux financiers depuis une semaine. MTN a finalement choisi de se lancer à l’assaut d’Orascom. Mercredi 28 avril, le groupe sud-africain a rendu publiques ses discussions de rachat avec la direction d’Orascom, déjà révélées par des agences économiques, le 22 avril.

Mastodonte africain

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Alors que la banque d’investissement EFG-Hermes a évalué Orascom à 9 milliards de dollars, la transaction pourrait tourner autour de 10 à 12 milliards de dollars. En cas de réussite, MTN récupérerait les 93 millions de clients du groupe égyptien dans le monde et deviendrait le quatrième acteur du secteur de la planète. Orascom est présent en Tunisie, au Zimbabwe, ainsi qu’au Pakistan et en Corée du Nord. Mais c’est son implantation en Algérie, via sa filiale locale OTA, qui est la plus rentable. Sa marque Djezzy, leader sur le marché du mobile, rend l’entreprise particulièrement juteuse.

Les autorités algériennes ne l’entendent pourtant pas de cette oreille. « Toute transaction concernant OTA sera nulle et non avenue », a réagi le ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, dans un communiqué.

Alger pourrait utiliser tous les moyens en sa possession pour s’opposer au rachat d’OTA. Le gouvernement, qui ne fait pas partie de ses actionnaires, assure pouvoir utiliser son droit de préemption ou encore opérer un retrait de la licence.

La loi de 2009 sur les investissements étrangers

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Autre menace brandie par Alger : la loi sur les investissements étrangers votée en 2009. Celle-ci stipule que les entreprises étrangères doivent désormais s’associer à un investisseur local, à hauteur de 30 % du capital dans le secteur de l’importation de produits « pour la revente en l’état » et de 51 % pour les autres investissements étrangers.

Alors que les autorités souhaitaient imposer ces mesures de manière rétroactive à l’ensemble de l’économie, la levée de boucliers des investisseurs internationaux, dont les français implantés de longue date, les avait forcées à faire marche arrière. Il n’est donc pas certain que le gouvernement puisse s’en prévaloir dans le cas du rachat d’OTA, un groupe privé déjà aux mains d’étrangers.

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Ironie du sort, une précédente polémique avec Orascom avait déjà entraîné une révision de la législation algérienne. En 2007, la firme égyptienne, également présente dans l’industrie, avait revendu l’intégralité de ses cimenteries – initialement achetées à l’État algérien – au groupe français Lafarge, encaissant au passage une belle plus-value. Alger, qui n’avait pas été consulté pour cette transaction entre deux opérateurs privés, s’était profondément vexé.

Depuis, OTA a connu des problèmes avec le fisc. Le groupe devrait encore 25 millions de dollars au Trésor public algérien, ce qui expliquerait le blocage du transfert de ses bénéfices 2009 vers sa maison mère par la Banque d’Algérie. Selon la nouvelle législation, un groupe ne peut transférer des dividendes à l’étranger que s’il est déclaré en règle par les services fiscaux.

Cet imbroglio donne une arme supplémentaire à Alger pour peser sur les négociations, en même temps qu’il donne à Orascom une raison de plus de quitter l’Algérie.

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