Donald Trump sur l’Afrique : la caricature fait de la caricature… raciste

Véritable caricature politique, le candidat à la candidature républicaine Donald Trump a une vision tout aussi caricaturale du continent africain, entre clichés de paresse congénitale et promesse de safaris d’espèces menacées… Du racisme en « prime time », en veux-tu en voilà !

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

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Publié le 24 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Donald Trump au soir de son élection, serrant la main de son futur vice-président Mike Pence , le 9 novembre 2016. © Evan Vucci/AP/SIPA
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Trump, 45e président des États-Unis

Donald Trump a remporté mercredi 9 novembre l’élection présidentielle américaine, coiffant au poteau sa concurrente démocrate Hillary Clinton et succédant ainsi à Barack Obama à la Maison Blanche.

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Sans doute serait-il excessif de dire que Donald Trump n’aime pas l’Afrique. Le candidat à l’investiture républicaine pour le prochain scrutin présidentiel américain ne connaît certainement pas assez le continent pour l’apprécier ou le mésestimer. Guère plus, en tout cas, que Sarah Palin, la candidate de 2008 à la vice-présidence, dont la propre équipe de campagne révélait, en off à un responsable de la chaîne Fox News, qu’elle pensait que l’Afrique « n’était pas un continent au sens géographique », et que « l’Afrique du Sud en était simplement la région du sud et non un pays à part entière ».

Comme Palin – et pour emprunter le niveau de langage du milliardaire candidat à la candidature -, Trump s’en fout de l’Afrique. Sans doute le continent africain évoque-t-il d’abord au magnat de l’immobilier une variété de couleurs de peaux qu’il ne prise guère. Fin novembre, lors d’un meeting dans la ville majoritairement « noire » de Birmingham, en Alabama, le militant « d’ébène » Mercutio Southall Jr s’introduisit dans un public dont la quasi-totalité était étonnamment blanche. Il sera évacué après avoir hurlé « Black lives matter ! », slogan qui signifie que « les vies noires comptent ». « Faites-lui foutre le camp d’ici. Jetez-le dehors », aura éructé le candidat. « Incident raciste », se seront offusquées certaines organisations militantes…

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Ce qui est commode, avec Donald Trump, c’est qu’il ne cache pas ses opinions sous une chapelure édulcorante. Une autre de ses obsessions de nature à faire siffler les oreilles de beaucoup d’Africains apparaît dans son mot d’ordre à surveiller davantage certaines mosquées. S’il obtenait ce qu’il demande depuis le 7 décembre dernier – « l’arrêt total et complet de l’entrée des musulmans aux Etats-Unis », jusqu’à nouvel ordre -, il fermerait la porte au nez de la majorité de 19 pays d’Afrique.

Certains Africains sont des sots paresseux, tout juste bons à manger, faire l’amour et voler

Si, généralement, Donald Trump ne tacle les Africains qu’indirectement, son mépris distant se fait parfois plus explicite. En octobre, à Indianapolis, le milliardaire affirmait que « certains Africains sont des sots paresseux, tout juste bons à manger, faire l’amour et voler ». Ces « ennemis du progrès » auraient transmis à nombre d’afro-Américains cette fâcheuse tendance à « vadrouiller en déplorant la façon dont ils sont discriminés ». Prenant le Kenya comme « étude de cas de mauvais exemple », Trump indiqua que le gouvernement kényan et son opposition volaient l’argent de leur pays pour l’investir à l’étranger. Et d’indiquer, comme pour dérouter sa hargne vers une forme d’humour primaire, qu’en cas d’expulsion de Kényans des États-Unis, il ne faudrait pas oublier de mettre dans le charter « leur fils Barack Obama »…

Que les Africains enlisés dans leur torpeur se rassurent : le candidat à la candidature souligne que « la plupart des pays africains devraient être colonisés pendant un siècle ». Grâce à lui, les ignorants d’Afrique auront peut-être enfin accès au sens du « leadership » et de « l’auto-gouvernance », pense-t-il… Et peut-être, au final, le président Trump pourrait un jour agir en faveur de l’Afrique, qui sait ? Après tout, ce continent lui sert déjà de terrain de jeu familial. Sur Internet circulent les photos de ses fils Donald Junior et Eric en plein braconnage d’espèces zimbabwéennes protégées. Une chose est sûre : les léopards ne voteront pas Trump…

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