L’argent des Africains : Aissatou Bella Diallo, secrétaire en Guinée – 240 euros par mois
Cette fois, nous partons à Lola, en Guinée forestière, à la rencontre de Aissatou Bella Diallo, secrétaire. Découvrez ses dépenses dans notre série hebdomadaire.
Aissatou a 32 ans et deux enfants. Elle vit dans la région de N’zérékoré, non loin de l’épicentre de l’épidémie Ebola, qui persiste encore aujourd’hui en Guinée. La jeune femme perçoit chaque mois 2 000 000 francs guinéens (environ 240 euros) grâce à son emploi de secrétaire dans une société de gardiennage américaine implantée à Gbakoro, un petit village de la préfecture de Lola, dans le sud du pays.
Diplômée en statistiques de l’Université de Labé (Moyenne-Guinée), ses missions au sein de la société sont administratives : réunions de fonctionnement, pointage, notes explicatives, etc. En poste depuis 2011, elle ne touchait à ses débuts que 730 000 GNF (86 euros). Suite à des revendications syndicales menées par les employés, tous les salaires ont été revus à la hausse, ce dont se félicite évidemment Aissatou.
Prêt bancaire : 59 euros
Avant d’en arriver là, elle et sa famille sont passées par des moments difficiles. « Mon mari était au chômage », explique-t-elle. Il a fallu qu’elle emprunte de l’argent à la banque pour lancer une petite entreprise d’extraction d’huile de palme. Une activité que gère actuellement son mari. Chaque mois, elle rembourse 59 euros à Ecobank.
Aissatou bénéficie également d’une prise en charge médicale assurée par son employeur. Les mesures d’hygiène et de sécurité ont été rehaussées sur son lieu de travail et un peu partout sur le territoire national, depuis l’apparition du virus Ebola. Chaque fois qu’elle se rend dans des zones à risques, on la met en quarantaine à son retour, le temps de vérifier qu’elle n’a pas été contaminée.
Argent de poche : 15 euros
La jeune Guinéenne estime avoir de la chance : elle ne paie ni loyer ni factures. Elle est en effet logée et nourrie par son employeur dans un bâtiment compartimenté en blocs pour tous les travailleurs de la société de gardiennage. « C’est très confortable. On a l’électricité et l’eau, des climatiseurs dans nos chambres et même Internet », se réjouit-elle . Comme elle n’habite pas avec sa famille – qui sont installés dans le centre-ville de Lola -, elle réussit à garder 15 euros d’argent de poche chaque mois. Pas tout-à-fait de quoi la consoler de rester toute la semaine loin de ses proches et de sa vieille mère, mais suffisamment pour embellir le quotidien de quelques beignets ou d’un pagne de temps à autre.
Tontine : 118 euros
Avec quatre collègues, Aissatou a mis sur pied une tontine rotative. Chaque mois, chacun dépose 118 euros dans une caisse. Le montant global qui s’élève à 590 euros est récupéré par l’un d’entre eux. « C’est une façon d’avoir une belle petite somme assez rapidement, que chacun pourra investir dans les projets qu’il souhaite », raconte-t-elle. Elle vient d’ailleurs de finir la construction d’une petite maison non loin de la maison familiale. « Il nous reste que le toit à faire. »
Aissatou ne sort quasiment pas en semaine. Les distractions se composent de sorties à moto les week-ends lorsqu’elle revient en famille. « Mon mari, ma fille et moi prenons la moto pour nous balader dans le centre-ville. Mais on le fait surtout pendant les fêtes de ramadan et de tabaski. »
Dons à la famille : 47 euros
Comme elle n’est pas très souvent là, c’est surtout sa mère qui s’occupe de la maisonnée, constituée de 5 personnes : l’époux d’Aissatou, sa fille de deux ans, sa mère et deux cousins. Elle donne 35 euros par mois à sa famille. Son aîné poursuit sa scolarité dans une école privée à Conakry, mais les dépenses liées à cet enfant incombent à son mari – selon le partage des tâches qu’ils ont mis en place.
La jeune sœur d’Aissatou poursuit ses études dans une école professionnelle située dans une autre localité. Pour l’aider, elle lui envoie 12 euros tous les mois pour son loyer et son quotidien.
« Les dépenses liées à l’alimentation reviennent à mon mari qui est désormais rémunéré par la vente de l’huile de palme obtenue de la machine », continue-t-elle.
Depuis quelques temps, Aissatou s’est initiée à la riziculture. Comme le sol de la Guinée forestière est très fertile et s’y prête bien, elle a récolté cette année une quantité suffisante pour remplir six sacs de 50 kg de « riz de la montagne ». De quoi tenir presque un an, se réjouit-elle ! Avant de tempérer en souriant : « on n’en raffole pas beaucoup à la maison, on préfère l’attiékè », une spécialité de Côte d’Ivoire située à quelques kilomètres seulement de sa ville, Lola.
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