Ulisses Correia e Silva : « L’Afrique est une priorité pour le Cap-Vert »

Quinze ans après avoir perdu le pouvoir en 2001, le Mouvement pour la démocratie (MpD) reprend les rênes du Cap-Vert après sa victoire aux législatives du 20 mars face au PAICV, jusque là majoritaire. Son chef de file, Ulisses Correia e Silva, s’apprête donc à devenir le prochain Premier ministre de l’archipel au régime semi-parlementaire.

Ulisses Correia e Silva après avoir voté, le 20 mars 2016. © Page Facebook

Ulisses Correia e Silva après avoir voté, le 20 mars 2016. © Page Facebook

Publié le 29 mars 2016 Lecture : 3 minutes.

À quelques semaines de son entrée en fonction, l’ancien maire de la capitale Praia se laisse le temps de la réflexion. S’il n’a pas encore entamé les consultations en vue de former son gouvernement, Ulisses Correia e Silva peaufine le profil de sa prochaine équipe, qu’il souhaite réduite. « Dix à douze ministres maximum », lui inclus, assure-t-il.

Mais le nouvel homme fort du pays aura également fort à faire face à une économie rongée par le chômage et confrontée à la menace du virus Zika. Avant de prendre ses fonctions, Ulisses Correia e Silva a exposé sa feuille de route à Jeune Afrique. Interview.

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Jeune Afrique : À quoi ressemblera votre gouvernement ? 

Ulisses Correia e Silva : Nous réfléchissons actuellement à la forme qu’il prendra. Mais je peux vous dire que l’équipe gouvernementale sera resserrée et composée de 10 à 12 ministres, en m’incluant dans la liste. Il sera aussi ouvert à la société civile.

Quelles seront vos premières mesures ? 

Notre première intervention concernera une entreprise très importante pour le pays, la TACV Cabo Verde Airlines [la compagnie d’aviation publique en grande difficulté financière]. Nous devons sauver cette compagnie, trouver des partenaires et parvenir à une restructuration. Cette entreprise est très importante non seulement en termes de transport, mais aussi en termes d’image.

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Nous allons aussi relancer la consultation sociale entre le patronat et les représentants syndicaux afin de parvenir à un consensus. Nous voulons être un État partenaire pour créer un environnement favorable à la croissance.

Les jeunes Capverdiens sont très exposés au chômage. Que comptez vous faire ? 

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Nous voulons créer les conditions pour avoir dans les prochaines années une croissance de 7% en moyenne par an et baisser la fiscalité le plus possible. Nous allons aussi créer une banque publique spécialisée dans le financement des moyennes et petites entreprises.

Nous allons travailler main dans la main avec l’OMS pour éviter la prolifération du virus Zika

Par rapport au PAICV, votre programme libéral tranche…

Ce n’est pas une question de plus ou moins de libéralisme, mais une question d’efficacité de l’État et du gouvernement.

Juste après votre élection, vous avez rendu hommage aux déplacés de l’éruption volcanique de l’île de Fogo, dont certains vivent dans des condition très précaires. Qu’allez-vous faire pour eux ? 

Ils seront une priorité et je veux les remercier de leur confiance [l’île de Fogo est un bastion du PAICV, qui tenait depuis 2001 l’Assemblée nationale, NDLR]. C’est d’ailleurs la première île sur laquelle je vais me rendre.

Les populations de Chã das Caldeiras ont tout perdu. Il est très important de trouver des solutions rapides pour normaliser leur vie économique et sociale.

Le Cap-Vert est aussi confronté au virus Zika, où un premier cas de microcéphalie potentiellement lié à l’épidémie a été enregistré. Êtes-vous inquiet ?  

Oui, nous avons de nombreux cas pour un pays de notre taille. Une intervention immédiate est nécessaire pour éviter la prolifération. Nous allons travailler main dans la main avec l’OMS.

Sur le plan international, votre parti est parfois vu comme moins panafricaniste que le PAICV. Quelle est votre perception ? 

C’est faux ! Nous allons d’ailleurs créer un ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale.

Le dialogue politique et économique avec les autres pays africains est très important pour le Cap-Vert, notamment au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) mais aussi avec les pays de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) comme la Guinée-Bissau, le Mozambique, São Tomé et Principe… Nous avons besoin de fraternité dans nos relations avec ces pays et l’Afrique est une priorité pour nous. Et il n’y a pas de conflit entre une bonne relation avec le continent africain et un renforcement de la coopération avec l’Union européenne et les États-Unis, qui sont des partenaires privilégiés.

Vous voulez donc favoriser la diplomatie économique ?

Oui.

Le Cap-Vert est régulièrement cité comme un exemple de démocratie dans la région… 

Oui, mais nous devons faire plus, en luttant par exemple contre la corruption politique.

Nous allons donc demander aux responsables politiques membres de la direction d’un parti qui ont également des postes à responsabilité dans l’administration publique de choisir entre ces deux fonctions, qui seront désormais incompatibles. Ceux qui dirigent le service public doivent être focalisés sur leur tâche et ne doivent pas être tentés de servir leur parti, comme c’est parfois le cas.

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