Maroc : des entreprises expertes de l’export

Grands groupes ou PME-PMI, les privés marocains mettent à profit leur savoir-faire et leur faculté d’adaptation pour se développer sur les marchés africains.

Publié le 22 juin 2011 Lecture : 5 minutes.

Bull Maroc, acteur historique

Installée dans les locaux flambant neufs du pôle technologique Casanearshore, la vénérable entreprise française de systèmes informatiques n’est pas venue au Maroc avec le développement de l’offshoring dans les années 2000 : son implantation date de 1950. Ancien de France Télécom, Mehdi Kettani a été appelé en 2007 pour développer les activités export de la filiale marocaine. « L’investissement du groupe en Afrique est issu d’une vision à long terme du développement technologique du continent », commente-t-il. Administration numérique, douanes, poste, télécoms, infrastructure informatique, stockage, sécurité… À l’heure où l’Afrique passe au numérique, Bull Maroc apporte une expertise déjà mise au service du gouvernement et des entreprises marocaines.

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Le groupe a notamment réalisé l’infrastructure réseau du ministère des Finances du Togo, le système monétique interbancaire de la Bank of Africa et du groupe Banque Atlantique, des solutions de stockage sécurisées chez les opérateurs télécoms comme Orange, Moov et Zain (rebaptisé Airtel). « Sur nos cibles principales, le secteur public et les grands opérateurs de réseaux privés, le potentiel est considérable, déclare Mehdi Kettani. Nous espérons une croissance à deux chiffres en 2011. »

Mecomar mise sur la simplicité

Avec la Société maghrébine de génie civil (Somagec), un des leaders marocains du BTP créé en 1966, la famille Sahyoun a accompagné le développement industriel du pays, mais aussi son rayonnement en Afrique, avec notamment la réalisation du port en eau profonde de Malabo (Guinée équatoriale). Le groupe familial compte également plusieurs filiales. Michel Sahyoun est à la tête de l’une d’entre elles, Mecomar, spécialisée dans l’équipement des collectivités locales, notamment les véhicules d’assainissement urbain.

Réalisant encore plus de 90 % de son chiffre d’affaires sur le marché domestique, elle porte aujourd’hui ses regards vers l’extérieur : les villes marocaines ont presque achevé de s’équiper et les produits Mecomar sont parfaitement adaptés aux autres marchés continentaux, à l’heure où la collecte des déchets y devient une priorité. « Les véhicules européens sont désormais totalement électroniques, ce qui pose de gros problèmes de maintenance sur ces destinations, commente Michel Sahyoun. La simplicité mécanique de ceux que nous proposons correspond mieux à leurs possibilités. »

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Mecomar a ainsi récemment fourni l’opérateur Veolia au Sénégal et en Tunisie, la Sovog au Gabon, Pizzorno Environnement en Mauritanie et Limpia en Guinée équatoriale. Participant à la 4e « caravane de l’export », la société espère rapidement conquérir de nouveaux clients.

Prologistic se lance dans le groupage de fret

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Une base tactique, Tanger Med, des agences à Paris et Madrid, des expéditeurs mondiaux. Destination : l’Afrique de l’Ouest. À deux pas de l’agence Maroc Export, les bureaux casablancais de la petite société de logistique sont modestes, mais les ambitions de ses dirigeants français et marocains sont continentales. Fondée en 2007, l’entreprise est passée de 3 à 35 employés et mise sur le port de Tanger Med pour assurer son développement. La stratégie de Prologistic est d’y grouper le fret à destination des ports de Mauritanie, du Sénégal, de Guinée, du Ghana et du Togo, dès octobre 2011. Les conteneurs dont les palettes sont destinées à plusieurs acheteurs seront « éclatés » à Tanger avant que le fret soit regroupé par destinations géographiques.

Première entreprise à avoir perçu le potentiel de ce créneau, Prologistic se vante d’avoir été visionnaire : « Avec la possibilité d’accueillir des bateaux de grosse capacité, on peut maintenant toucher 160 ports en direct. Ce n’était pas possible à Casablanca, où ne peuvent accoster que des petits feeders, explique Jean-Marc Domenech, le directeur général de la société. Avant, il fallait partir sur Barcelone, Algésiras ou même Anvers pour “éclater” et repartir vers l’Afrique. Avec Tanger Med, fini ces pertes de temps : une palette expédiée de Shanghai pour Casablanca mettra une semaine de moins à arriver, un gain très important en termes de délais et de coûts pour les entreprises. Cela va ouvrir des possibilités pour les exportateurs vers les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale : c’est une vraie solution pour le développement des entreprises et du commerce dans la zone. » Avant de se lancer, les dirigeants de Prologistic ont intensivement prospecté le marché du transport commercial de l’Europe vers l’Afrique, le flux privilégié. La croissance économique du continent, mais aussi celle du marché intérieur marocain et l’industrialisation du pays ne leur ont laissé aucun doute sur les succès à venir.

Les Câbleries du Maroc branchent l’Afrique

En Afrique subsaharienne, l’urbanisation connaît une croissance exponentielle, mais le taux d’électrification, inférieur à 30 %, reste le plus bas du monde. L’expertise du Maroc en la matière est désormais sollicitée. Du 17 au 20 mai dernier, avec pour slogan « Fraternité et partenariat équitable », la 3e édition du forum Maroc-Afrique Elec a ainsi mis en relation les professionnels de la région avec une délégation composée de représentants de l’Office national d’électricité (ONE) et de 34 sociétés affiliées à la Fédération nationale de l’électricité, de l’électronique et des énergies renouvelables (Fenelec). Youssef Tagmouti, président de la Fenelec, dirige également les Câbleries du Maroc, leader national du secteur.

Cette entreprise familiale exporte aujourd’hui dans 42 pays ses produits fabriqués selon les standards européens à prix low cost. Elle a fait de l’Afrique subsaharienne sa première cible : « L’électrification y est encore timide, mais dans un avenir proche le marché va exploser, et le Maroc est arrivé à une certaine maturité industrielle qui correspond à ses besoins », remarque Youssef Tagmouti. En effet, entre 1998 et 2008, le Programme d’électrification rurale global (Perg) a amené la lumière dans 40 000 villages marocains, faisant passer le taux d’électrification du pays de 18 % à 98 %, selon le président de la Fenelec. « Nous sommes devenus des champions mondiaux dans ce domaine, les pays africains souhaitent dupliquer notre modèle et nos 500 entreprises expérimentées forment une armada prête à partir. »

L’ONE joue un rôle d’éclaireur et de locomotive sur les marchés africains. Ainsi, au Sénégal, où l’Office marocain discute d’une troisième concession avec le gouvernement, des filiales des Câbleries du Maroc sont en train d’électrifier 175 villages dans le Nord pour le compte de l’ONE et de la Senelec, l’opérateur national.

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