Jacques Moulin : « L’expertise de Sofrecom est de plus en plus reconnue »

Stratégies, plans marketing, contrats de gestion… Figurant parmi les leaders mondiaux du conseil aux opérateurs, la filiale de France Télécom Sofrecom est une mine d’informations pour les opérations internationales de sa maison mère.

Julien_Clemencot

Publié le 25 octobre 2011 Lecture : 4 minutes.

Jeune Afrique : Quelle est la mission de Sofrecom au sein de France Télécom ?

Jacques Moulin : Sofrecom intervient partout dans le monde, que France Télécom-Orange y soit présent ou non, et la part réalisée hors du groupe ne cesse d’augmenter : elle est de 50 % au niveau global et de 64 % en Afrique. C’est la preuve de la reconnaissance de notre expertise sur l’ensemble des métiers des opérateurs, qu’il s’agisse de conseil dans la définition de stratégies, d’élaboration de plans marketing, d’expertise en matière d’infrastructures réseaux, de mesure de qualité du service ou de contrats de gestion.

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Bio express

• 46 ans

• Diplômé de Sciences-Po Paris et de l’Essec (France)

• Chez France Télécom depuis 1991

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• DG de Sofrecom depuis le 1er juin

Pouvez-vous donner des exemples de contrats ?

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Je peux citer la mission de conseil réalisée pour le déploiement d’un réseau en Angola ; l’élaboration d’une stratégie d’e-gouvernement en Tunisie ; l’étude des services de télécommunications de la prochaine Coupe d’Afrique des nations ; le contrat de management de l’opérateur public éthiopien, Ethiopian Telecommunications Corporation ; les deals décrochés en Algérie pour la gestion de la facturation… Nous sommes d’ailleurs très présents au Maghreb. Après l’Algérie et le Maroc, Sofrecom va prochainement ouvrir un bureau en Tunisie.

Intervenez-vous quand France Télécom veut acquérir un nouvel opérateur ?

Nous sommes sollicités pour des opérations de diagnostic avant acquisition. Cela a été le cas au Niger, en Centrafrique, en Ouganda, au Kenya. Dernièrement, nous sommes aussi intervenus en RD Congo pour évaluer Congo Chine Télécom.

Comment gérez-vous les conflits d’intérêts qui pourraient naître de votre appartenance au groupe français ?

D’abord, je rappellerai que le fait d’appartenir à France Télécom est un atout. Nous bénéficions d’une expérience unique liée à l’évolution des télécoms en France. Par ailleurs, nous profitons aussi des programmes de recherche et développement menés par le groupe. Quand France Télécom est présent dans un pays, nous ne travaillons pas pour d’autres opérateurs. En revanche, nous pouvons intervenir sur des projets menés par les États, par exemple dans le domaine de l’e-gouvernement. La question du conflit d’intérêts se pose plus pour nos clients que pour nous-mêmes. Nous ne cachons pas que nous sommes une filiale de France Télécom. D’ailleurs, en Éthiopie, l’opérateur a particulièrement apprécié la mise à disposition de cadres seniors ayant eu une expérience au sein du groupe.

Votre contrat de management avec l’opérateur historique éthiopien prépare-t-il l’arrivée d’Orange dans le pays ?

L’ouverture du marché à des investisseurs privés dépend du gouvernement éthiopien.

Est-ce que ce type de contrat est fréquent ?

Non, les contrats de management sont beaucoup moins fréquents que les missions de conseil. Cela suppose un objectif de transformation de l’opérateur historique en un opérateur de classe mondiale, au travers de l’apport de compétences techniques et d’un accompagnement managérial. J’espère néanmoins que nous aurons bientôt d’autres opportunités, y compris en Afrique.

Allez-vous reprendre vos activités en Libye ?

Rien n’est encore arrêté, mais notre souhait est d’accompagner le développement du secteur des télécoms dans ce pays.

Que vous inspire l’arrivée du haut débit mobile (3G), alors que les opérateurs tirent le plus gros de leurs revenus de services basiques comme la voix ?

Laissez-moi faire un détour par l’Europe de l’Ouest. En 2007, les échanges de données y représentaient 20 % des revenus des opérateurs. Aujourd’hui, on se situe à environ 30 %. L’Afrique ne sera pas en reste. La demande se fait déjà sentir. Sur le continent, un internaute sur deux consulte les réseaux sociaux. Ce type de comportement va fortement influer sur l’adoption de la 3G. Déjà en Égypte, au Maroc, en Tunisie, on note un appétit grandissant pour le haut débit mobile. Les prix des terminaux et des communications peuvent être des freins, mais la tendance est là.

Avec l’usage des communications prépayées, puis du mobile banking, l’Afrique s’est imposée comme une terre d’innovations. Et maintenant ?

Ces services sont nés des besoins des utilisateurs africains. C’est pour cela que nous sommes sans doute au début d’une évolution des méthodes éducatives en Afrique, par exemple. L’e-gouvernement va aussi se développer, tout comme les services de santé via les nouvelles technologies.

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