Exportation de bois : une sanction néerlandaise qui ne passe pas à Yaoundé

Les Pays-Bas viennent d’infliger une pénalité à l’entreprise Fibois, accusée de n’avoir pas exercé une « diligence raisonnée » sur la légalité du bois d’origine camerounaise acquis auprès de la Compagnie de commerce et de transport (CCT). Laquelle se trouve dans le viseur de Greenpeace. Les autorités camerounaises s’insurgent.

Grumier sur la route vers la ville de Kribi. © Renaud VAN DER MEEREN pour Les Editons du Jagua

Grumier sur la route vers la ville de Kribi. © Renaud VAN DER MEEREN pour Les Editons du Jagua

OMER-MBADI2_2024

Publié le 25 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

La sanction ne passe pas à Yaoundé. Le 9 mars, Greenpeace publie un communiqué faisant état de la sanction infligée à l’entreprise néerlandaise Fibois BV par son gouvernement. Importatrice de bois acquis auprès de la Compagnie de commerce et de transport (CCT), l’un des principaux exportateurs du Cameroun, Fibois se voit appliquer une pénalité de 1 800 euros par mètre cube, en vertu du Règlement sur le bois de l’Union européenne (RBUE), en vigueur depuis mars 2013.

Elle est ainsi la première entreprise importatrice à être sanctionnée pour n’avoir pas exercé une « diligence raisonnée » sur la légalité de son approvisionnement.

la suite après cette publicité

La décision des Pays-Bas a provoqué un droit de réponse musclé du ministre camerounais des Forêts et de la Faune. Le 14 mars, Philip Ngole Ngwese déplorait dans la presse locale la tournure prise par le dossier, invitant au passage les pays de l’Union européenne « à ne pas céder aux incantations des forces contradictoires déterminées à détruire l’économie forestière de notre pays ».

« Le ministre se trompe de cible »

« Le ministre s’est trompé de cible. Il panique comme si c’était l’État camerounais qui était sanctionné, au lieu de se désolidariser d’une entreprise peu vertueuse comme CCT. Laquelle ne fait du reste pas partie du Groupement de la filière bois dont les membres sont exempts de tout reproche », réagit un observateur du secteur forestier camerounais.

Déjà, en septembre 2015, après que Greenpeace a publié un rapport sur les activités de CCT, accusée de s’approvisionner auprès d’entreprises se livrant à l’exploitation forestière illégale, Philip Ngole Ngwese s’offusquait des « contre-vérités » contenues dans le document et soulignait les progrès accomplis dans la gestion durable des forêts camerounaises, notamment par l’Accord de partenariat volontaire (APV) conclu en 2010 avec l’Union européenne (UE) pour établir la traçabilité du bois.

la suite après cette publicité

Et le ministre de marteler que « le gouvernement ne peut pas, comme le fait Greenpeace et les autres ONG, faire le jeu de ceux qui militent pour le bannissement total des bois issus des forêts primaires et compromettre ainsi les intérêts économiques vitaux liés à ce secteur ».

Sollicité par Jeune Afrique, El Chayeb Antoine Ghassam, le directeur général de CCT – qui a exporté 138 274 mètres cubes de bois vers l’UE en 2014 – dit s’en tenir à la position de Yaoundé. Les exportations totales camerounaises de grumes, sciages et dérivés se sont établies à 803 100 tonnes en 2014, selon les données de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC).

la suite après cette publicité

D’autres sanctions attendues

Selon un connaisseur du dossier, d’autres sanctions en vertu du règlement bois de l’UE pourraient suivre dans les prochaines semaines.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

La rédaction vous recommande

Des employés de la Société nationale des bois du Gabon, à Owendo. © Steve Jordan/AFP Photo

Gabon : la filière bois reverdit

Contenus partenaires