Syrie : le régime pourchasse l’EI après la reprise de Palmyre

Le régime syrien pourchassait lundi les jihadistes du groupe État islamique (EI) au lendemain de la reprise de la ville de Palmyre, une victoire majeure pour l’armée qui veut extirper cette organisation de ses principaux fiefs en Syrie.

Un temple roman à Palmyre, le 17 mai 2015. © Uncredited/AP/SIPA

Un temple roman à Palmyre, le 17 mai 2015. © Uncredited/AP/SIPA

Publié le 28 mars 2016 Lecture : 3 minutes.

Fort de son succès le plus important face à l’EI dans le conflit syrien, le pouvoir de Bachar al-Assad, soutenu par les Russes, le Hezbollah libanais, s’est posé comme la partie la plus efficace combattant l’organisation la plus redoutée au monde qui a revendiqué les attentats meurtriers de Bruxelles et Paris.

Avec la reprise dimanche de Palmyre (centre), « la perle du désert syrien » connue mondialement pour ses trésors archéologiques dont une partie a été détruite par l’EI, le régime veut se poser aussi comme le sauveur du patrimoine de l’Humanité face aux extrémistes qui contrôlaient le site millénaire depuis mai 2015.

Lundi, l’armée, appuyée par la puissante aviation russe et des milices, « se préparait à lancer l’assaut sur les villes d’al-Qaryatayn et Sokhné », tenues par l’EI et situées respectivement à l’ouest et à l’est de Palmyre, a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« Arriver à Raqa et Deir Ezzor »

« Il y a de violents combats aux abords d’al-Qaryatayn. L’armée veut sécuriser les environs de Palmyre pour empêcher le retour des jihadistes », a-t-il ajouté.

Une source militaire syrienne a indiqué à l’AFP que les « opérations militaires avaient commencé à al-Qaryatayn. C’est le prochain objectif de l’armée, qui a également les yeux rivés sur Sokhné », à 70 km de Palmyre et vers laquelle se sont repliés les jihadistes.

Un temple de Palmyre détruit par l'État islamique le 25 août 2015. © AP/SIPA

Un temple de Palmyre détruit par l'État islamique le 25 août 2015. © AP/SIPA

Si le régime s’empare de Sokhné, il sera aux portes de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), contrôlée en grande partie par le groupe ultraradical.

Dans le même temps, s’il parvient à contrôler la localité d’al-Koum, au nord de Palmyre, il sera à la lisière de la province septentrionale de Raqa, dont le chef-lieu éponyme est la capitale de facto de l’EI.

Le commandement militaire a affirmé que Palmyre serait « la base à partir de laquelle s’étendront les opérations contre le groupe terroriste notamment à Deir Ezzor et Raqa ». Le but est de « reprendre les territoires sous leur contrôle pour mettre fin à leur existence » en Syrie.

En plus, les prorégime devraient déloger l’EI de la localité d’Al-Alianiyé, à 60 km au sud de Palmyre, pour reprendre le contrôle du désert et avancer vers la frontière avec l’Irak, contrôlée en grande partie par les jihadistes.

Félicité par le président russe Vladimir Poutine, M. Assad a salué « l’efficacité de la stratégie de l’armée et de ses alliés dans la guerre contre le terrorisme (…) ».

Cependant prendre Deir Ezzor et Raqa ne sera pas une mince affaire.

« L’EI est évidemment plus faible que par le passé. Il se battra avec beaucoup plus de détermination pour garder Raqa, sa capitale de fait, Deir Ezzor, la plus grande ville qu’il contrôle en Syrie et sa porte vers l’Irak », estime Thomas Pierret, spécialiste de l’islam contemporain en Syrie, qui souligne que « Palmyre n’était somme toute qu’un avant-poste ».

5 ans pour reconstruire Palmyre

A Palmyre, la partie résidentielle ressemblait à une ville fantôme, la quasi-totalité des habitants ayant fui les bombardements. D’énormes destructions témoignent de la violence des combats.

Le site antique portait les stigmates des destructions de l’EI, qui avait fait exploser deux de ses plus beaux temples, Bêl et Baalshamin, et détruit également l’Arc de triomphe et des tours funéraires.

Ces deux temples ne sont plus qu’un amas de pierres, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Toutefois, le chef des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim, a assuré à l’AFP que Palmyre « redeviendra comme avant » et estimé qu’il faudrait cinq ans pour réhabiliter les monuments détruits ou endommagés, après l’approbation de l’Unesco.

« 80% du site est en bon état », a-t-il précisé.

Responsable d’atrocités, l’EI a perdu en 20 jours de combats à Palmyre 400 jihadistes, soit le bilan le plus lourd « dans une seule bataille depuis l’émergence » du groupe dans le conflit en 2013, selon l’OSDH. 188 membres des forces prorégime y ont péri.

De l’autre côté de la frontière, en Irak, l’EI est aussi la cible d’une large offensive de l’armée qui cherche à reprendre son fief de Mossoul (nord), avec le soutien de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Alors que les grandes puissances sont déterminées à en finir avec l’EI, les forces prorégime concentrent leur combat contre le groupe jihadiste, à la faveur d’une trêve avec les rebelles syriens entrée en vigueur il y a un mois.

Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011, a fait plus de 270 000 morts et provoqué une grave crise migratoire avec la fuite de millions de Syriens.

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