Boom pétrolier, les banques en lice

Le démarrage, avant la fin de l’année, de la commercialisation du pétrole devrait transformer l’économie ghanéenne. Le secteur bancaire s’organise pour accompagner cette évolution.

Publié le 28 septembre 2010 Lecture : 4 minutes.

Les premiers barils de pétrole du champ Jubilee (1,8 milliard de barils), au large des côtes ghanéennes, seront extraits à partir de décembre prochain. Le Ghana, deuxième producteur de cacao au monde et producteur d’or, se prépare ainsi à une transformation radicale de son économie et à de fortes croissances grâce aux milliards de dollars supplémentaires que devrait générer l’activité pétrolière.

Ces perspectives mettent en ébullition le secteur bancaire, au sein duquel les établissements se livrent une concurrence féroce pour se placer sur ce marché naissant très prometteur. Et de cette mêlée, trois banques, dont une ghanéenne (Ghana Commercial Bank) et deux étrangères (Barclays et Standard Chartered), sortent du lot.

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Pour mieux encadrer l’effervescence ambiante, les autorités de régulation de la banque centrale ghanéenne, la Bank of Ghana (BOG), ont entamé, en 2007, une réforme qui s’est essentiellement traduite par la hausse du capital minimum exigé pour exercer une activité bancaire. Ainsi, les établissements ghanéens devront se doter d’un capital d’au moins 17 millions de dollars à la fin de cette année, et de 41 millions de dollars à l’horizon 2012. Pour les banques étrangères, le seuil des 41 millions de dollars était déjà exigé depuis le 31 décembre 2009.

Cette mesure, affirme la BOG, vise plus à permettre aux banques de se prémunir contre d’éventuels chocs qu’à répondre aux besoins immédiats. Car au Ghana, contrairement au Nigeria, le secteur est assez sain et n’a pas besoin de restructuration majeure pour faire face à la crise financière internationale. Selon la banque centrale, l’objectif premier des réformes actuellement en cours est donc de permettre aux établissements locaux de disposer de suffisamment de moyens pour mieux s’impliquer dans le financement de l’industrie pétrolière du pays sans se détourner de celui des petites et moyennes entreprises opérant dans les autres secteurs clés de l’économie du pays.

Reste que les effets attendus de cette réforme, c’est-à-dire la consolidation du secteur en vue de la formation de banques plus grandes et plus fortes, n’ont pas lieu. Notamment parce que les montants planchers de capital social fixés par la BOG ne sont pas suffisamment élevés, selon certains experts. Une étude de PricewaterhouseCoopers a montré qu’au lieu de fusions et acquisitions les banques ghanéennes ont eu recours à des fonds privés pour répondre aux nouvelles normes, tandis que les banques étrangères ont fait appel à leurs maisons mères. La grande majorité des banques a donc répondu aux nouvelles exigences sans grande difficulté. Pourtant, la recapitalisation avait pour objectif de faciliter le rachat des banques fragiles, à l’instar de ce qui s’est produit au Nigeria où la réforme engagée en 2005 a permis de ramener le nombre de banques dans le pays de 89 en 2005 à une vingtaine actuellement.

Il y a certes eu de nombreuses discussions d’acquisitions, mais elles n’ont pas abouti. Un exemple : la cession d’Agricultural Development Bank à un groupe étranger, dont le nom a été gardé secret, a échoué faute d’accord sur le prix. Conséquence : le secteur reste dominé par les mêmes acteurs (Ghana Commercial Bank, Barclays, Standard Chartered, Ecobank et Stanbic), dont la plupart sont à capitaux étrangers. Cependant, les parts de marché de ces derniers ont légèrement baissé, passant de 60 % à 50 % sur les cinq dernières années.

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Baisser les taux d’intérêt

Si la BOG reconnaît que l’« effet consolidation » n’a pas encore eu lieu, elle affirme que ses mesures ont déjà amélioré la liquidité des établissements. Ce qui accroît leur capacité à accorder des prêts. Sauf que les taux d’intérêt restent élevés et freinent l’accès au crédit. De fait, elle a recommandé aux banques de revoir à la baisse les taux. Une mesure qui devrait notamment profiter au secteur pétrolier. Selon le directeur général d’une grande banque locale, malgré cette réforme, les banques ghanéennes demeurent sous-capitalisées et auront du mal à financer des projets. Et celles qui en auront les moyens devront apprendre l’expertise pétrolière, qu’elles ne maîtrisent pas encore. Pour preuve, la plus grande banque impliquée dans le développement de Jubilee, Standard Chartered, est à capitaux étrangers. D’après ce patron de banque ghanéenne, les établissements à capitaux locaux se concentreront en majorité dans le financement des activités en aval.

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Mais, là aussi, ces derniers devront améliorer leurs compétences dans le domaine de la gestion des risques, étant donné que la concurrence y est encore plus rude. En juin dernier, Kwesi Bekoe Amissah-Arthur, l’actuel gouverneur de la BOG, a rappelé aux établissements financiers la nécessité de renforcer leurs équipes de gestion de risque pour répondre aux normes internationales dans ce domaine. Mais si des patrons de banque s’y sont déjà engagés, des analystes s’interrogent sur la capacité de la BOG à imposer cette obligation à tous les établissements du pays. 

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