Les chantiers en panne de l’Afrique centrale

Air Cemac, passeport commun, Bourses… Le sommet des chefs d’État d’Afrique centrale de janvier 2010, à Bangui, se voulait celui d’un nouveau départ. Les principaux projets de l’intégration régionale devaient ainsi être relancés. Un an après, le bilan est plus que mitigé.

JAD20220711-Tribune-RDC-Gécamines-StéphaneBallong Stéphane Ballong
© Vincent Fournier pour JA

Publié le 19 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Il y a un an, au sommet de Bangui, les chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) avaient levé un des obstacles qui freinaient le décollage de la compagnie aérienne régionale en choisissant Brazzaville pour abriter son siège. Air Cemac devait décoller avant l’été 2010, le transporteur n’a jamais pris son envol. « Mettre en phase les intérêts de six pays dans un projet comme celui-là est un exercice très délicat », explique Jean-Marie Maguena, vice-président de la Commission de la Cemac et président du comité de pilotage du projet. Désormais, c’est chose faite, assure-t-on à la Commission. « Les six États ont accordé les droits de trafic à Air Cemac et donné leur contribution [10 % chacun, NDLR], soit 60 % du capital. La Banque de développement des États de l’Afrique centrale [BDEAC] a financé les 40 % restants », explique le vice-président.

L’assemblée générale constitutive créant juridiquement la compagnie s’est tenue en novembre, à Brazzaville. Un siège flambant neuf devrait être livré dans le courant du premier trimestre, et Douala sera le futur hub de la compagnie. 2011, indique-t-on à la Commission, sera l’année du démarrage. À N’Djamena, le ton est plus mesuré. « Tant que le projet sera piloté par les États et non par des acteurs privés, il peinera à avancer », affirme Adoum Younousmi, ministre tchadien des Transports, qui ne croit guère à un décollage cette année… D’après lui, le montant du capital de démarrage, 15 millions d’euros, « est insignifiant » comparé aux 40 millions d’euros d’Asky Airlines lors de son lancement. Autre réserve : la décision de South African Airways de ramener dans un premier temps son partenariat avec Air Cemac à une simple assistance technique, alors qu’il était convenu que le transporteur sud-africain serait un partenaire stratégique et actionnaire de la compagnie communautaire.

la suite après cette publicité

2. Passeport commun : rien de concret

C’est un projet vieux de près de dix ans. Le passeport Cemac devait enfin être concrétisé en 2010, il n’en a rien été. En juillet, les derniers détails du document de voyage (armoiries, codes couleurs…) ont été revus avec les opérateurs. Selon la Commission, en fonction de leurs moyens, les États peuvent désormais émettre des passeports biométriques avec la certification de la Cemac.

3. Bourses : mariage difficile

« Je vous promets que nous allons fusionner les Bourses de Douala et de Libreville. » Dans les coulisses du sommet de Bangui de 2010, Paul Biya aurait lui-même fait cette promesse aux autorités du marché financier d’Afrique centrale. Le président camerounais et ses pairs avaient d’ailleurs demandé, dans leur communiqué final, à la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) d’« harmoniser » le rapprochement entre le Douala Stock Exchange (DSX) et la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC). Alexandre Gandou, président de la Cosumaf, avait alors tablé sur une fusion avant la fin de décembre 2010. Mais depuis, aucune avancée notable n’a été réalisée. La raison ? La réticence des dirigeants du DSX. Face au blocage, la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale devraient nommer prochainement un expert qui proposera un plan de rapprochement accepté par les deux parties. En somme, le processus n’est pas près d’aboutir.

la suite après cette publicité

4. Plan de développement : un net retard sur ses voisins

En bref, l’Afrique centrale a un retard significatif par rapport à la partie occidentale du continent. Exemple : l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a voté et appliqué un Programme économique régional (PER) depuis 2004. La Cemac n’a adopté le sien qu’en janvier 2010. Et ce n’est que cette année qu’elle devrait commencer à mobiliser les fonds pour financer ce plan qui vise à faire des pays de la zone des économies émergentes à l’horizon 2025.

la suite après cette publicité

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires