[Infographie] L’intégration régionale progresse mais doit s’accélérer, estime la CEA
Dans un rapport intitulé « État de l’intégration régionale en Afrique » diffusé ce vendredi 1er avril, la Commission Économique des Nations-Unis pour l’Afrique (CEA) constate les progrès effectués par le continent, tout en insistant sur la nécessité d’accélérer le processus d’intégration régionale. Celle-ci permettrait en effet de stimuler la compétitivité et l’innovation, qui sont des catalyseurs pour la croissance économique.
L’Afrique va t-elle parvenir à s’intégrer économiquement ? Si cette question récurrente reste toujours en suspend, l’année 2015 a tout de même apporté son lot de bonnes nouvelles. En juin, un accord sur la création d’une zone de libre-échange tripartite entre 26 pays africains du Caire au Cap a été adopté, tandis que les négociations pour le lancement de la Zone de libre-échange continentale (ZLE), imaginée par l’Union africaine en 2012 avec l’objectif d’une mise en œuvre en 2017, « ont également été inaugurées formellement en juin 2015 », se félicite la CEA, dans son dernier rapport sur l’intégration régionale sur le continent. Certes, la mise en place de ces deux espaces est loin d’être effective, mais ils « représentent des étapes majeures dans l’intégration du commerce en Afrique », note la commission.
Un continent trop peu intégré
Quelques bonnes notes même si l’Afrique reste le continent le moins intégré au monde sur le plan commercial, comme l’atteste les chiffres de la CEA : « les importations intra-africaines, en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) du continent, sont passées de 2,7 % environ en 1995 à près de 4,5 % en 2013, un niveau qui reste toutefois faible » par rapport aux autres régions du monde (voir graphique ci-dessous).
Parmi les obstacles aux échanges intra-africains figurent notamment, selon la CEA, la persistance de barrières douanières dans certaines sous-régions du continent, une complémentarité économique insuffisante entre les pays et une trop grande spécialisation dans l’exportation des produits de base.
En revanche, le commerce de biens intermédiaires et de biens d’équipements s’est amélioré et s’est élevé en moyenne à 11,2% entre 1999 et 2013, ce qui « atteste la mise en place de chaînes de valeurs régionales », souligne la CEA. Cependant ce bon point est contrebalancé par le manque d’échanges de services, en raison de « la faiblesse de l’industrie manufacturière » et, à nouveau, de barrières au commerce des services.
Une croissance potentielle inexploitée
Malgré la croissance économique robuste de 4% qu’a réalisée l’Afrique entre 2000 et 2014, « sa croissance sur le long terme (1975 à 2014) a été bien en deçà de la moyenne des pays asiatiques en développement. De plus, la contribution du secteur industriel aux exportations est minime et la croissance des exportations des marchandises de l’Afrique, reste tirée par les produits de base plutôt que par les progrès technologiques », constate la CEA.
Pour inverser cette tendance et parvenir à une croissance inclusive, le continent doit ainsi accélérer son intégration régionale. La CEA recommande notamment de « renforcer les partenariats régionaux et internationaux en matière de science, de technologie et d’innovation »; de « partager les infrastructures de recherche », de « chiffrer et financer des programmes de recherche communs »; d’ »adopter des politiques plus judicieuses et offrir davantage de ressources à l’enseignement supérieur et à la recherche » ou encore de « faciliter la coopération régionale en matière d’innovation ».
Le suivi de ces conseils permettrait à l’Afrique d’améliorer sa compétitivité à travers l’innovation et de changer son modèle économique, encore trop largement dominé par l’exploitation de ses ressources naturelles.
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