Maroc : victime d’une agression homophobe, il est condamné par la justice
Victime d’une violente agression homophobe à son domicile, un jeune Marocain a été condamné à quatre mois de prison ferme pour « actes sexuels contre-nature ». Un verdict plus sévère que celui de ses agresseurs.
![Prison ferme pour une victime d’agression homophobe au Maroc. © Pixabay/Dieter_G](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/03/30/prison-407714_1280.jpg)
Prison ferme pour une victime d’agression homophobe au Maroc. © Pixabay/Dieter_G
Une vidéo, postée le 25 mars sur internet, a rapidement fait le tour des réseaux sociaux et suscité la colère des associations locales de défense des libertés, une fois de plus. On y voit deux hommes nus et en sang se faire brutaliser, insulter et humilier dans leur domicile de Béni Mellal, au Maroc.
« Actes sexuels contre-nature »
À la suite des faits qui ont eu lieu début mars, deux des agresseurs ont été arrêtés et condamnés à deux mois de prison, nous explique Ibtissam Lachgar, cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali). Une des deux victimes a été condamnée quant à elle a quatre mois de prison fermes pour « actes sexuels contre-nature avec récidive et ivresse ».
Samedi dernier, la deuxième victime ainsi que quatre autres hommes accusés d’avoir pris part à l’agression avec « port d’armes » ont été arrêtés par la police marocaine, a déclaré à l’AFP Abdelrahim Majdi, responsable de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Le procès du second jeune homme poursuivi également pour « actes sexuels contre-nature », avait débuté mardi mais a finalement été reporté au 4 avril.
Selon l’article 489 du code pénal marocain, l’homosexualité (ou « actes sexuels contre-nature ») est passible de trois ans de prison.
Indignation sur les réseaux sociaux
Plusieurs internautes marocains et associations locales se sont insurgés face à la violence de ce « lynchage » et à la décision de justice, parmi lesquels le mouvement mondial des droits de l’Homme et l’écrivain marocain Abdellah Taïa :
https://twitter.com/Declaracion/status/714522770898595840
![Statut Facebook de l'écrivain marocain. © Capture d’écran/Facebook/Abdellah Taïa](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=492,height=275,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/03/30/homo-maroc.png)
Statut Facebook de l'écrivain marocain. © Capture d’écran/Facebook/Abdellah Taïa
Un collectif de 19 associations a également partagé un communiqué appelant à « la libération de la victime de cette agression ; l’ouverture d’une enquête et la poursuite pénale des agresseurs ainsi que celui/celle qui a diffusé la vidéo révélant publiquement l’identité des jeunes ; l’abrogation de l’article 489 du code pénal afin de garantir et de protéger les libertés individuelles et la vie privée des citoyennes et des citoyens. »
« Les victimes deviennent les coupables, coupables de ‘perversité’ ! » s’est exclamé Ibtissam Lachgar, interrogé par à Jeune Afrique. Mais si ce genre d’agressions l’inquiète, elle ne la surprend pas vraiment. « Quand on soulève le couvercle d’un sujet aussi sensible, quand on essaye de briser un tabou, on doit s’attendre à retour de flammes de la part des détracteurs. Surtout dans une société conservatrice et religieuse comme le Maroc. » Elle appelle, elle aussi, à une modification de la loi pour espérer changer les mentalités, mais surtout à une réaction de l’État « qui se retrouve complice de ces actes par son inaction ».
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