Jelloul Ayed, Tope Lawani et Christian Adovèlandé ont (déjà) marqué 2011
Que ce soit par leur prise de fonctions ou par des opérations financières remarquées, ces trois hommes ont défrayé la chronique depuis le mois de janvier. Parcours.
Jelloul Ayed révolutionne sa carrière
Lorsqu’il accède au gouvernement Ghannouchi de l’après-Ben Ali, il est toutefois auréolé d’une tout autre réputation. Avec Mehdi Houas et Elyès Jouini, il fait en effet partie de cette nouvelle vague de ministres issus des milieux d’affaires. Diplômé aux États-Unis, il a fait sa carrière dans la banque d’affaires, d’abord chez Citibank puis en tant que patron de BMCE Capital, la banque d’investissement du groupe marocain, basée à Londres. Il est donc libre de toute influence politique et, a priori, de tout lien avec l’ancien régime.
Trois casquettes
Depuis, il résiste aux crises. Celle, politique, qui continue d’agiter le pays depuis plusieurs mois : nommé par Mohamed Ghannouchi, il a depuis été reconduit par le nouveau premier ministre Béji Caïd Essebsi. Celle, économique, qui frappe la Tunisie : baisse des recettes touristiques, effondrement de la croissance, effets de la guerre en Libye, dégradation de la note souveraine. Prenant son bâton de pèlerin, il a arpenté les grandes capitales mondiales en quête d’une partie des 2,5 milliards d’euros dont le pays a besoin. Avec, pour l’instant, une discrétion médiatique qui ne nuit nullement à son efficacité.
L’homme a ainsi ajouté cette année une nouvelle casquette à son personnage. À ce jour, on lui en connaît donc trois : ministre, banquier et… musicien. De cette dernière, la presse s’est à de nombreuses reprises faite l’écho. Jelloul Ayed est de surcroît bien plus qu’un amateur. Ce pianiste a joué de multiples fois ses compositions devant un large public, au Maroc notamment.
Tope Lawani, de succès en records
Ils sont deux à la tête d’Helios Investment Partners. Les Nigérians Tope Lawani et Babatunde Soyoye ont créé et développé en six ans ce qui est aujourd’hui la nouvelle sensation du capital-investissement africain. Depuis Londres, les deux acolytes, qui se sont rencontrés chez Texas Pacific Group, l’un des plus importants gestionnaires au monde, dirigent une vingtaine de professionnels de très haut niveau.
Des deux, Tope Lawani est le plus visible. « Il protège ses équipes, car il veut qu’elles se consacrent à temps plein à leur travail », explique un financier africain qui le connaît bien.
Dernier fait d’armes : le rachat début 2011, en tandem avec le négociant suisse Vitol, des activités aval (distribution, raffinage) de Shell en Afrique, une opération de 1 milliard de dollars (plus de 700 millions d’euros) qui aura mis près d’un an à se conclure. Avant, le gérant principal d’Helios était parvenu à drainer 350 millions de dollars pour Helios Towers Africa, une société panafricaine de gestion de tours de télécommunications, auprès de personnalités aussi célèbres que le financier George Soros, l’ex-secrétaire d’État américaine Madeleine Albright et la famille Rothschild.
Transformer l’essai
Ajoutés à quelques autres opérations tout aussi impressionnantes (Equity Bank, Portugal Telecom, etc.), ces « tracks records » – comme disent les professionnels du private equity – valent aujourd’hui à Helios de figurer parmi la poignée d’équipes africaines capables de lever des fonds de plusieurs centaines de millions de dollars.
Ces dernières semaines, le monde financier bruissait même d’une rumeur : Helios serait sur le point de clore son deuxième fonds panafricain à 1 milliard de dollars. Un succès, car Tope Lawani n’en attendait pas autant. Et un record dans le secteur, hors Afrique du Sud. Il lui restera ensuite, ainsi qu’à ses équipes, à transformer l’essai : Helios n’a en effet cédé aucune de ces participations importantes. Il devrait commencer à le faire bientôt. Dégagera-t-il, comme tous ses souscripteurs l’espèrent, des taux de rentabilité supérieurs à 20 % par an ? L’avenir le dira, mais pour l’instant le parcours est maîtrisé.
Christian Adovèlandé, dans son élément
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Nommé fin janvier à la tête de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Christian Adovèlandé en a pris les rênes le 14 février. Mais c’est un mois et demi plus tard, le 31 mars, que le Béninois a véritablement signé son retour au sein de l’institution (il y a travaillé entre 1978 et 1995), en présidant à Lomé son premier conseil d’administration.
Le successeur d’Abdoulaye Bio-Tchané, candidat malheureux à la dernière présidentielle béninoise, a ce jour-là fait valider le financement par la BOAD de dix nouveaux projets. Parmi ceux-ci, le prêt de 17 milliards de F CFA (25,9 millions d’euros) accordé au Sénégal pour la construction de l’aéroport international Blaise-Diagne, à Diass, et celui de 12,5 milliards de F CFA pour l’agrandissement de la Société nigérienne de cimenterie. Le montant des nouveaux engagements de la BOAD s’élève à 79,2 milliards de F CFA, hors prêts à court terme.
À son nouveau poste, le Béninois est dans son élément. Précédemment, il dirigeait depuis 2002 la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (BIDC). Auparavant, Christian Adovèlandé a successivement été secrétaire général délégué du Fonds de garantie des investissements privés en Afrique de l’Ouest (Fonds Gari), PDG de Cauris Management, puis directeur général de Cauris Investissement, une société de capital-risque.
Continuité
C’est sur proposition du président béninois Boni Yayi, réélu lors du scrutin de mars dernier, qu’il a été nommé en janvier par les chefs d’État des huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour achever le mandat d’Abdoulaye Bio-Tchané, qui court jusqu’en 2013.
Il devrait donc poursuivre le plan stratégique 2009-2013 lancé par son prédécesseur et pour lequel le capital de la BOAD a été augmenté de 50 %, à 1 050 milliards de F CFA, l’année dernière. L’énergie et l’agriculture font partie des priorités de ce programme, qui prévoit d’y consacrer annuellement entre 50 milliards et 100 milliards de F CFA.
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